Les saisons d'une vie (1)
Datte: 06/11/2020,
Catégories:
Partouze / Groupe
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... rien. Le contraste entre la chaleur de mon épiderme et la température de cette pluie qui me transperce jusqu’aux os. Je lève le menton et se sont mes yeux qui croisent ceux de l’individu qui se force à faire semblant de ne pas me voir. Quel idiot !
Il a des chailles sombres, des tifs aussi noirs que les ailes d’un corbeau. À part cela, il a l’air jeune, bien bâti et affiche l’assurance que lui confère le fait de le savoir. Je sens le frais de la saucée qui s’infiltre entre la ceinture de ma jupe et ma peau, celle du ventre bien sûr ! L’homme ouvre la bouche. Il va parler ? Pour me dire quoi ? Je me sens frissonner et surtout je souhaite ardemment que cesse ce déluge. Mais le plafond est encore plus bas, les nuages sont d’une opacité époustouflante.
Ma chair de poule est-elle visible ? Le type qui me déshabille du regard sent-il que je suis envahie par ces milliers de picotements qui me hérissent les poils, partout sur le corps ?
— Vous… vous avez froid ?
— Hein ? Euh… non ! Je suis complètement trempée, il pleut si vous ne vous en étiez pas aperçu.
Il rigole et j’aperçois ses dents bien blanches, bien rangées qui se montrent au coin d’une babine retroussée. Un prédateur, un loup, un affamé ? Il ne fait aucun mouvement, se contentant de toujours suivre ces deux boules qui collent à mon chemisier. Je distingue comme un nez au milieu d’une figure ces deux aréoles sombres et leurs petites pointes au milieu qui crèveraient le tissu, si elles le pouvaient. ...
... Évidemment si je les vois… lui également. Ça devient très embarrassant.
— Je peux me permettre ?
Il vient de faire deux pas vers moi. À la main il tient sa veste tendue devant lui. Je ne réagis absolument pas. Alors il se sent obligé et la dépose doucement sur mes épaules. Je suis tétanisée, sans aucune réaction. Lui me sourit toujours.
— Vous allez attraper la mort. Si je peux vous déposer… enfin lorsque ce déluge se calmera un peu !
—… ?
— Je vous fais peur ?
— Euh… non, non merci ! C’est très gentil…
Au fond de mon crâne, les images se bousculent. Ce type, un inconnu qui persiste à lorgner sur ce que je ne parviens plus à dissimuler, ma carcasse qui tremble de partout, mes tifs délavés, je dois avoir l’air d’une sorcière. Puis il y a le visage de Michel qui revient en filigrane derrière toutes les pensées qui me submergent. Il est tranquillement au travail mon mari. Il n’aimerait pas du tout cette sollicitude à mon égard, de la part d’un étranger.
— Je m’appelle Lilian… je ne vous veux aucun mal…
—… !
Ses yeux me transpercent pourtant. Ils se coulent jusqu’à mon âme. Je me sens pire encore que transie par la fraicheur de la bourrasque qui continue d’asperger l’esplanade. Le type… entre vingt-cinq et trente-cinq ans, une bonne fourchette à mon avis, bien que je ne sois plus très objective… attend à moins de cinquante centimètres de moi. Je ne peux pas, plus bouger. Je ferme les paupières et je l’entends qui bouge. En rouvrant les stores, je vois qu’il a ...