Mad (11)
Datte: 06/11/2020,
Catégories:
Trash,
Auteur: Nkari, Source: Xstory
... pour toi, dit-elle d’une voix faible, mais douce.
Je refusai. Je ne voulais pas de cadeau ; c’est elle que je voulais. Je voulais qu’elle se lève, qu’elle chante et qu’elle danse comme autrefois, qu’elle m’attrape et qu’elle me chatouille. Je voulais l’entendre rire et sentir son bon parfum de lilas. Je ne trouvais rien d’autre à faire que de sangloter.
— Madeline, approche, insista-t-elle. Bientôt, je ne serai plus là, alors, s’il te plaît, viens dans mes bras une dernière fois.
— Non, pleurai-je. Tu m’abandonnes, je te déteste !
— Non, ma chérie. Jamais je ne pourrais t’abandonner. Je serai peut-être partie physiquement, mais je resterai éternellement à tes côtés, près de ton cœur, et je veillerai sur toi. Allez, viens dans mes bras maintenant.
Je me précipitai dans ses bras réconfortants tandis qu’elle me chantait sa berceuse.
— Sèche tes larmes, mon amour. Je suis là, à jamais. Avec toi pour toujours. Je te promets, mon bébé.
Finalement, je parvins à retrouver mon calme près du corps de ma mère. Elle sortit alors un paquet cadeau de sous son oreiller et me le tendit. J’hésitai avant de l’ouvrir ; c’était une grosse boîte de forme cylindrique, plutôt lourde. Maman insista pour que je l’ouvre. Une douce musique se fit alors entendre : c’était la berceuse qu’elle me chantait si souvent...
— Je l’ai fait fabriquer spécialement pour toi. Chaque fois que tu te sentiras seule, tu n’auras qu’à ouvrir ta boîte à musique et te rappeler combien je ...
... t’aime.
— Oh, maman, je t’aime moi aussi ! ai-je dit en lui sautant dans les bras.
Elle est morte quelques jours plus tard. Les jours ont suivi, mais plus rien n’avait de saveur. J’errais seule, sans amies, sans famille ; mon père était souvent absent, et quand il était là, il était de plus en plus souvent saoul. Personne pour me consoler. Je restais calfeutrée dans ma chambre à longueur de journée, tenant fermement ma boîte à musique dans mes mains et pleurant toutes les larmes de mon corps.
Mes résultats scolaires – déjà pas brillants – ont dégringolé ; je me battais encore plus avec mes camarades de classe qui se moquaient de moi, de quoi mettre mon père encore plus en rogne. Il me frappait, encore plus fortement qu’il ne le faisait avant que ma mère parte. Elle n’était plus là pour retenir ses coups, et l’alcool n’arrangeait rien.
— Putain, Madeline, gueulait-il, ma vie est déjà assez compliquée comme ça. Pourquoi t’obstines-tu à me casser les couilles avec tes caprices ?
— Je suis désolée, papa, je ne recommencerai plus. C’est promis, pleurais-je.
Mais je souffrais et j’avais besoin d’exprimer ma douleur d’une façon ou d’une autre. Si ce n’était pas à mes camarades que je m’en prenais, c’était à moi, me renfermant sur moi ou me faisant du mal, puis à quelques animaux errants qui passaient à portée et que je faisais souffrir, prise par une curiosité morbide de voir comment ils réagissaient à la douleur.
Les années ont passé et mes rapports avec mon père se sont ...