Brèves retrouvailles - Histoires de Sexe

Brèves retrouvailles

... longs baisers depuis le quai de la gare jusqu’à notre voiture. Ce n’est que là qu’on échangea nos premières paroles. Avant de démarrer, Carole me regarda avec un petit sourire triste :

— Tu m’en veux ?
— On n’en parle plus. On regarde devant maintenant. D’accord ?

Les larmes embuèrent son regard.

— Je t’aime.
— Moi aussi.

On s’embrassa de nouveau et l’on regagna notre appartement. Elle voulut à plusieurs reprises aborder le sujet durant la soirée. Chaque fois, je lui disais que si nous devions en parler ce serait plus tard. J’ajoutai en riant : « quand nous serons grands-parents ».

Lors de la soirée chez Chantal, Carole resta lovée à moi. Notre amour retrouvé et affiché faisait plaisir à nos amis. Yvette en revanche semblait moins ravie de la tournure des événements, d’autant plus que, fidèle à ma nouvelle stratégie, j’essayais de l’éviter. Elle finit par me « coincer » dans un couloir :

— Alors François, ça a l’air d’aller mieux avec Carole.
— Euh, oui, ça s’est arrangé.
— Eh bien, tant mieux pour toi. Mais ce n’est pas une raison pour m’ignorer comme tu le fais. C’est pas sympa.
— Mais je… euh…
— Tu crois que je ne l’ai pas remarqué. Ne me prends pas pour une idiote.
— Mais je ne te prends pas pour une idiote. Simplement…
— Simplement quoi ?
— Il… il vaut mieux qu’on arrête, nous deux. Ce… ce sera mieux pour nous et pour eux.
— Je te prenais pour un type bien et surtout courageux, François. Je me suis trompée. Tu m’as pris pour une roue de ...

... secours alors que moi, je t’aimais.
— Écoute…
— Non, c’est toi qui vas écouter. Tu n’es qu’un trouillard qui a peur d’affronter les choses et les gens. Carole a bien raison de regarder ailleurs. Je la comprends mieux d’ailleurs, maintenant. Mais ne t’inquiète pas, je ne lui raconterai rien, ce n’est pas mon genre. En plus, tu viens de me donner envie de mieux la connaître. On va en avoir l’occasion.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Tu vois. Elle ne t’a pas tout dit, mais je la comprends. C’est normal après ce qui s’est passé.
— Quoi donc ? Mais dis-moi, bon sang.
— Elle va repartir dans quinze jours à l’IUT. Ils sont si contents d’elle, qu’ils l’ont redemandée pour six mois. Elle va pouvoir m’aider à m’installer là-bas.
— Redemandée… T’installer où ?
— On ouvre une boutique d’optique là-bas le mois prochain. On s’en va nous aussi. Dommage pour toi. En plus, ça va être l’hiver et ce sera pas toujours facile de rentrer ou venir le week-end. Mais t’inquiète-pas, je m’occuperai bien d’elle. On fera les boutiques et on sortira en copines. Elle aime danser, non ? On va bien s’amuser toutes les deux. Et puis, t’auras pas besoin de venir l’espionner. Je me ferai un plaisir de tout te raconter. Allez bonne fin de soirée… rigolo.
— Yvette ! Attends…

Elle m’avait tourné le dos, regagnant sa place. Je restai quelques instants abasourdi, dans ce couloir. Je me résignai à regagner la salle principale. Je croisai le regard de défi d’Yvette. Je venais de me faire une ennemie. Je me dis que ...