1. Au temps de l'amour courtois


    Datte: 02/11/2020, Catégories: fh, historique, Auteur: André 59, Source: Revebebe

    ... réputation grandit parmi les femmes du château qui rêvent toutes de le mettre dans leur lit pour lui faire découvrir l’amour. Chacune voudrait être sa dame et lui faire « le don de merci », ce qui en fait le puceau le plus convoité du comté. Pucelage relatif d’ailleurs, car lors de ses bains, Perrine et son amie ne répugnent pas à soulager le jeune guerrier des tensions qui l’assaillent avec leurs mains et leurs bouches, mais nulle femme ne lui a encore ouvert ses cuisses.
    
    Plusieurs semaines se sont encore écoulées, cela fera bientôt un an qu’Enguerrand réside au château. Eudes a décidé de l’emmener avec lui à la chasse. Une bande de sangliers rôde dans les parages. Ils ont saccagé les récoltes dans plusieurs champs. Il faut les détruire. Arc, coutelas, épieux sont distribués et la battue commence. Engagée au petit matin, elle dure jusqu’au crépuscule. À la fin de la journée, la presque totalité de la harde a été détruite. Il ne reste plus qu’un vieux mâle, le plus dangereux, qui se terre dans les sous-bois. Il serait énorme d’après les chasseurs qui l’ont aperçu. Des partis de cavaliers se dispersent dans la forêt pour le traquer. Eudes a gardé Enguerrand à ses côtés.
    
    L’attaque est fulgurante. Le sanglier a surgi d’un fourré et éventre le destrier du comte d’un seul coup de tête. La monture s’écroule lourdement, coinçant sous sa masse la jambe gauche de son cavalier. Eudes va être mis en pièces. Dans sa chute, il a perdu son arme. Enguerrand n’a pas le temps de ...
    ... réfléchir. Il se jette au bas de son cheval, brandissant son épieu qu’il plante de toutes ses forces dans l’échine du monstre. La bête l’entraîne dans sa chute et l’assomme.
    
    Lorsqu’il ouvre les yeux, un beau visage se penche sur lui. C’est la comtesse.
    
    — Enguerrand, vous êtes le héros du jour. Reposez-vous. Nous viendrons plus tard vous faire visite.
    
    Il lui sourit et bascule dans un trou noir. Il dort presque vingt-quatre heures. Quand il se réveille, il peut enfin se lever et se présenter devant son seigneur. C’est Eudes cette fois qui est allongé. Il a la jambe brisée, mais il est sauf.
    
    — Mon garçon, tu m’as sauvé la vie. Grâce te soit rendue. Il fallait du cœur et des tripes pour faire ce que tu as fait. Ton père pourra être fier de toi. Comme il m’est impossible de bouger, je te charge d’escorter la comtesse demain. Je suis épuisé, aussi c’est elle qui va se charger de t’expliquer ce qu’il conviendra de faire. Va, et que Dieu te bénisse.
    
    Enguerrand se retire en s’inclinant. Il suit alors avec déférence sa suzeraine dans ses appartements. Les servantes, après une révérence, les laissent seuls. Le jeune homme, intimidé, ne sait que faire. La comtesse se rapproche, et lui caresse la joue.
    
    — Pas un poil au menton. Tu n’es encore qu’un enfant. Et pourtant tu as du courage. Sans toi, le comte Eudes serait passé de vie à trépas. Tu mérites récompense. Que désires-tu ?
    — Rien. Je n’ai pas réfléchi. Il fallait le faire. C’est tout. Votre propos me choque, madame. Je ne ...
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