Estelle - Histoires de Sexe

Estelle

... besoin de réserver des places pour un prochain vol.

— Bien sûr ! s’exclama-t-elle en pianotant sur son ordi. Je peux vous les commander d’ici. Quelle est votre destination ?
— N’importe, pourvu qu’il y ait de belles plages de sable chaud et un grand soleil.
— Ibiza ? Tunisie ? Açores ? Cap vert ? Caraïbes ? Floride ? Réunion ? Brésil ? Indonésie ? Hawaï ?

Je la regardai bêtement tandis qu’elle me récitait toutes ces destinations.

— Qu’est-ce qui est le mieux, en ce moment ?
— Le nord des Caraïbes, en général, à cette date, les gens ne sont pas déçus…
— Alors va pour ça ! Qu’est-ce que vous me proposez ?
— Attendez, le mieux, c’est que vous passiez de ce côté-ci du desk, comme ça vous verrez l’écran en même temps que moi.

Elle m’avait dit ça avec un grand sourire encore plus persuasif que son invitation. Je contournai le vaste bureau et la rejoignis près de son ordi, debout derrière son siège à roulettes. Elle s’y enfonça en gonflant la poitrine.

— Caraïbes, alors ?
— Oui, allons-y pour ça.
— Quelle destination ?

Elle m’égrena encore une liste de noms de patelins tous plus enchanteurs les uns que les autres. En pointant le doigt vers l’écran, je finis par trancher :

— Va pour Saint-Martin !
— Vous avez un vol qui part demain après-midi, à 14 h 25, et qui n’est pas encore complet. Combien de places ?
— Quatre. En classe affaire.

Elle cliqua une ou deux fois puis me demanda abruptement :

— C’est à quel nom ?

Je ne me rappelais même plus ...

... le nom bidon que je lui avais refilé en arrivant. Bah, tant pis…

— Robert Legros, bobardai-je.

Elle me fit une drôle de tête. Je lui adressai en retour un clin d’œil qui parut la satisfaire, car elle éclata de rire, avant de se cambrer encore en me lançant un nouveau sourire aguicheur. Elle se mit à pianoter de nouveau sur son écran, mais, d’un geste excessif faussement maladroit, recula soudain son coude jusqu’à mon bas-ventre, où elle dut sentir que c’était toujours ultra-rigide.

— Hmmm, c’est moi qui vous fais cet effet-là ? fit-elle d’une voix sensuelle.

La petite salope ! Elle ne doutait vraiment de rien ! C’est vrai qu’elle était jolie, mais quand même ! Elle devait faire ça à cause de mon fric… Comme je n’osais pas lui dire non mais que j’avais pas non plus envie de lui dire oui, je lui répondis simplement :

— Euh… je sais pas trop…

Elle hésita, me lançant un nouveau sourire mi-timide mi-provocant et proposa :

— Si vous voulez, je peux prendre une pause et nous pourrions…

Mais, dans un réflexe, je l’interrompis en lui poussant une tronche et un gros soupir comme si elle m’avait suggéré de traverser le Sahara à pied. Je ne me rendis compte de ma lourde indélicatesse que lorsque je la vis changer de tête et prendre un teint gris-vert.

— Oh, je suis désolé !

À voir sa tête (dans tous les sens du terme…), on n’avait pas souvent dû lui foutre une veste de cette taille… Elle était vraiment mignonne, et si j’avais été dans un état ordinaire, je ...