Rhapsody in blue - Fin
Datte: 17/10/2020,
Catégories:
fh,
nonéro,
regrets,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... permettre une petite généralité, j’ajoute que les hommes, d’ordinaire, veulent un passé. Pour avancer. Pour s’améliorer. Pour se souvenir des erreurs, et faire en sorte de les éviter dans le futur. Pour faire tout le bien dont ils sont capables, ou du moins, pour essayer de sortir le meilleur d’eux-mêmes.
Par quel affreux tour de magie t’es-tu transformé ennon-humain ? Car tu es « exceptionnel », dans le sens où tu es uneexception… Toi, tu veux un présent, pour être vierge comme une page blanche. Pas d’erreurs commises, ou du moins, pas le souvenir d’en avoir commises. Pas d’angoisse sur ce qui va arriver, à chaque journée suffit sa peine, demain est anonyme, imprévisible ; de toute façon, tu le vivras de la même manière que tu vis la minute actuelle, intensément. Comme si jamais tu n’avais vécu la veille.
Et pourtant, tu as de l’ambition. Toi et ton ambition trônez au-dessus de tout et de tous, sans vous laisser aller à concevoir une vie à vivre un échelon plus bas, la masse dans laquelle tu pourrais te fondre, la réalité voilée qui t’entoure mais qui pourrait se déchirer et laisser entrevoir la vérité de ce monde… lucidité et frénésie, action et désespoir…
Il me suffit de te regarder aujourd’hui, et j’ai l’impression de la comprendre mieux que quiconque, cette laissée-pour-compte qui te servait de fiancée, cette jeune femme qui devait compter les années alors que tu les effleurais seulement ; celle qui pensait sans doute constamment à toi, toi si loin qu’elle ...
... voyait si peu, toi qui te contentais de cette situation et qui même la voulais, tandis qu’elle devait attendre en rongeant son impatience le jour où vous pourriez enfin construire quelque chose de stable. Tu ne sais même pas combien de temps exactement vous êtes restés ensemble…
Elle a dû en faire des concessions, la petite fiancée. Elle a dû en formuler des vœux. Elle a dû y croire, se forcer à y croire, puis enfin, faire semblant d’y croire, avec une telle force que ce désespoir t’est passé sous le nez, inaperçu, invisible dans ton regard de cow-boy solitaire.
Avais-tu vraiment besoin d’elle autant qu’elle avait besoin de toi ? Non, je ne le crois pas. Arrive un moment fatidique où aimer un courant d’air devient trop douloureux. Tu la trompais. Tu l’imaginais. Tu lui parlais et entendais ses réponses, mais ne l’écoutais pas. Tu la voulais pour toi tout seul, mais à des centaines de kilomètres de toi. Tu l’aimais, mais de quelle manière ? Lui donnais-tu des preuves de ton amour ?
Quand un amour ne se nourrit que de vent, de confiance et d’absence, on se demande où cela peut mener. Pas très loin, sans doute. Elle a dû aller aussi loin que possible, jusqu’à ce que l’amour se soit perdu en route. Dans le désert. Elle avait soif de reconnaissance, de présence, et au lieu de ça, tu ne lui étais même pas fidèle. Tu disais que ce n’était pas par manque d’amour si tu la trompais ? Tout cela est bien beau. Peut-être a-t-elle accepté cette situation, au début. Puis la certitude ...