Saint Matthieu et l'ange
Datte: 15/10/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
religion,
Collègues / Travail
revede,
pénétratio,
Auteur: Lizbeth, Source: Revebebe
... le mal de crâne, en général. J’ai aussi pris de la menthe poivrée : sur les tempes, ça soulage.
— Je mets aussi de la menthe poivrée dans les préparations de Pacôme.
C’est donc ça qui explique toute cette odeur de menthe sauvage qui flotte autour de lui en permanence. Ça n’a rien de très saint, finalement.
Il se redresse au bord du lit en enfonçant ses pouces dans ses orbites. J’approche la chaise et m’assois près de lui pour lui tendre le café sans sucre, qu’il avale d’un trait.
— J’ai même dû fermer la fenêtre. Chaque vague du crissement des cigales, c’est comme une scie qui m’ouvre le crâne. J’ai l’impression que mes yeux vont exploser. Le pire, c’est que j’y suis habitué.
Alors je sors le flacon d’huile de ma poche et en verse quelques gouttes dans ma paume, sans réfléchir. Le parfum embaume la pièce. Puis je frotte mes mains l’une contre l’autre et passe mon pouce dans chacune d’elle. Sans réfléchir.
Quand je pose mes mains à plat contre ses tempes, ses yeux se ferment. Je le fais spontanément. Sans me dire que c’est mal ou bien. Mes pouces tracent une ligne sur son front.
— C’est exactement comme ça que me massait ma grand-mère quand j’avais ces douleurs-là, mais avec un produit qui sentait davantage le camphre. D’ailleurs, je sentais le camphre pendant des jours après ça. Ma mère, elle, préférait le paracétamol.
Je lui dis ça comme pour légitimer ma manœuvre.
Je reste dans cette position un moment. Il ne bouge pas non plus. Il ne bronche pas. ...
... Parfois, ses paupières se crispent et il respire plus fort, puis il redevient immobile. La migraine opère par vagues, comme des contractions. Certains diraient qu’elle intervient pour évacuer un grand conflit avec soi-même. Je ne sais pas si je suis d’accord ou pas. Je n’y ai jamais réfléchi. Pourquoi pas ?
Finalement, j’ôte mes mains. Je me suis enfin habituée à l’obscurité. Ses yeux s’ouvrent. Humides, larmoyants, encore plus bleus que d’ordinaire. Vraiment trop bleus.
Il ne se passe rien. J’entends mon cœur battre dans ma tête et ma gorge, comme la grosse caisse d’un mauvais orchestre de village. Il s’approche de moi.
— Qu’est-ce qu’on disait, hier, sur la clôture ?
Je n’en sais rien, moi. D’ailleurs je ne sais plus rien du tout, à part que son visage est campé à cinq centimètres du mien, que mon estomac est dur comme une pierre et que mon bas-ventre prend feu. Je creuse ma cervelle à grands coups de pioche.
— Je crois, Jean-Baptiste, qu’on a dit que les lois de la clôture s’effaçaient devant les lois de la nature.
J’ai lâché ça dans un souffle avant que sa bouche ne fonde sur la mienne. Il se lève et m’emporte avec lui. Mes mains sont dans ses cheveux. C’est animal : j’aurais envie de le bouffer. Mon cœur va éclater. Sa langue est contre la mienne. Un mouvement partagé nous entraîne un ou deux pas en arrière. Je m’appuie sur le bureau. Il recule, un instant, une fraction de secondes, et j’ai le temps de voir briller dans ses yeux tout, tout, tout sauf de ...