Solstice d'un fleuve - Histoires de Sexe

Solstice d'un fleuve

... mot de sécurité, sinon je sens que je vais m’évanouir. Pour avoir interrompu le tournage, je crains les reproches de la metteuse en scène. Heureusement, c’est le contraire.

— Bravo, Latifa, j’admire ton courage : tu as tenu longtemps, m’encourage Lucie. D’autres ont dit « sombrero » bien avant. On fait une pause, et on reprend, si tu te sens d’attaque. Jusque-là, tu as été parfaite, pro jusqu’au sommet du tourment, sans regarder la caméra. Je vais te détacher pour que tu puisses te détendre. Tu veux un café ? Sucre ?
— Plutôt un grand verre d’eau fraîche, dis-je en tremblant. Heureuse que tu sois contente.
— Bon, finis-le vite, et on repart. On a du boulot : dans une heure, on passe à la scène suivante.

La corrida recommence, encore plus délirante, encore plus frénétique, mais je commence à m’habituer et à savoir me calmer pour ne pas succomber trop vite aux assauts vicieux de ma partenaire. Quand je suis enfin autorisée à me rhabiller, c’est à peine si je tiens sur mes jambes, et laisse derrière moi une véritable mare de liquides génitaux dont je viens de découvrir que j’en possédais une réserve incroyable. J’espère que tous ceux que ce spectacle libertin émoustille en auront pour leur argent et garderont une petite pensée pour mes consœurs et moi, qui avons souffert pour qu’ils soient contents, quand ils s’empliront le regard de nos supplices tout en s’empoignant la mentule devant leur écran pour remplir leurs mouchoirs.

Une fois vêtue, je vais directement ...

... dans la salle de montage. « Riton » : son nom est indiqué sur la porte. Entouré d’écran d’ordinateurs, il semble échappé d’une maison de retraite, tant il paraît âgé. Les filles peuvent se promener toutes nues devant lui : il semble habitué. Le personnage est sympathique et me reçoit agréablement, avec la gouaille des passionnés par ce qu’il côtoie quotidiennement, c’est-à-dire la nudité des femmes dont il n’est, contrairement aux apparences, nullement blasé.

— Nolwenn Leroy, vous dites ? Pas la chanteuse qui a remporté laStar Academy en 2002, naturellement ! Bien sûr, qui pourrait l’oublier ? Son nom de scène, c’était « Murena Styxx. Tout un programme, la belle. Elle a commencé en débarquant sans crier gare, un peu comme vous, mais en bien plus violent : le fouet, les chaînes, le donjon et tout le bazar. Elle n’avait peur de rien, et elle inventait des scénarios délirants dans lesquels elle jouait toujours la victime : j’ai même mis au point de petits trucages pour elle.
— Des trucages comment ?
— Par exemple, elle s’est fait crucifier en extérieur. Oui, comme Jésus, avec des figurantes en tenue de légionnaires romaines qui, avant, l’ont flagellée et violée avec des godes-ceinture, et elles y allaient sans demi-mesure, vous pouvez me croire. Bien sûr, on ne lui a pas vraiment cloué les poignets et les pieds sur du bois, mais je me suis débrouillé avec du jus de betterave et un cadrage bien étudié, pour faire illusion. Les autres l’ont branlée sur la croix, avec des ...