Les moches sont les pires des salopes - Histoires de Sexe

Les moches sont les pires des salopes

... boîte que j’avais soigneusement empaquetée. Elle eut l’obligeance d’accepter mon cadeau sans se perdre en d’oiseux refus. Elle déchira l’emballage pour découvrir une croix de Gondar en argent massif. Sa figure s’empourpra de contentement tandis qu’elle me remerciait chaleureusement.
— Je suppose qu’il est inutile d’essayer de décliner, mais songez que vous ne savez rien à mon sujet, que vous ne m’avez pas rencontrée sous les meilleurs auspices, et que rien ne me vaut ce cadeau.
— Eh bien, gageons tous deux que cette babiole prélevée sur ma réserve personnelle facilitera notre connaissance réciproque.
— Cette croix est magnifique et représentative des beautés du pays.

Après un bref silence, elle ajouta :

— Vous qui y avez vécu, n’êtes pas resté insensible à celle des femmes ?

Je compris que nous allions aborder des sujets que je ne souhaitais pas évoquer et répondis de la façon la plus évasive.

— Allez, ne me dites pas que vous ne vous êtes pas laissé aller à quelques galantes équipées ? Les jeunes filles là-bas concilient le sang chaud, la cuisse légère et une beauté légendaire.
— Eh bien, j’ai effectivement connu un semblant d’aventure, mais qui ne mérite pas votre attention.
— Oh, je vous en prie, racontez-moi ça et laissez-moi en juger.
— Je crains de vous ennuyer ou de vous offusquer.
— N’en faites rien ; je ne suis pas une petite fille que des histoires crues dérangent, et ne soyez pas plus prude que je ne le suis.

Cependant, en me répliquant cela, ...

... elle rougit si fortement que sa rosacée s’en trouva accentuée.

— Je redoute à mon tour de ne pas apparaître sous les meilleurs auspices à conter ces fredaines à une dame que je ne rencontre que pour la seconde fois.
— Je vous en prie, insista-t-elle, cela me replongera dans cette atmosphère que j’ai là-bas tellement aimée, dit-elle avec un regard implorant.
— Eh bien soit, mais c’est vous qui l’aurez voulu.

Pendant toute la durée de ma narration, elle demeura pendue à mes lèvres. Il était impossible qu’elle se passionne à tel point pour un récit concernant deux étrangers. Il fallait qu’elle le vive de l’intérieur, qu’elle s’identifie à son héroïne. S’imaginait-elle donc pénétrant dans ma chambre vêtue d’une simple voilette seulement et…

Lorsque j’eus terminé, elle se tourna vers moi, les yeux embués, pour me dire :

— Voilà fort belle histoire que je vous remercie de m’avoir narrée. Je ne vois pas ce qui dans votre rôle devrait me porter à vous affliger d’une opinion défavorable. Au contraire, elle me conforte dans ce que depuis le début je pense de vous, et je ne vous en apprécie que davantage. Je souhaiterai répondre à mon tour à votre franchise par une confidence aussi.

Sachez que je ne suis pas sotte au point de n’avoir pas saisi votre manège avec vos deux comparses. Voilà quelque temps déjà que je vous avais repérés, surtout le grand hâbleur blond qui m’a abordée il y a trois semaines en déclarant vouloir me faire l’honneur de sa couche. Vous constituiez ...