1. Moiteur...


    Datte: 05/10/2020, Catégories: fh, couple, vacances, amour, Auteur: Gf Salinator, Source: Revebebe

    Le profond vrombissement des réacteurs marqua leur départ vers un autre lieu. Pas une autre vie, mais une parenthèse dans la leur, un moment de répit qu’ils se sont offert. Sur la partition de leur couple, c’est un soupir qui est désormais à jouer, note silencieuse dans une musique qui les dépasse trop souvent. Les corps plaqués au fond des sièges, écrasés par des piles de soucis qui se chevauchent, s’amoncellent et disparaissent sous les sables du temps. Comme un symbole, au moment où l’avion atteint son climax, ils ressentent un relâchement dans leurs muscles, une légère chute de la pesanteur qui marque la fin de leurs problèmes. Et comme deux insectes qui s’arracheraient enfin à la toile d’araignée qui s’était construite autour d’eux, Nadia et Jean s’envolèrent, insouciants et apaisés.
    
    À leur sortie de l’avion, le premier pas sur le sol les ramène à la réalité. Le goudron noir fume sous un soleil impassible, et les différentes files d’attente s’enchaînèrent les unes aux autres. Des guichets d’aéroports aux agences de location en passant par les différents portiques de sécurité, tout n’est que formalités harassantes et paperasses rébarbatives. Le sifflement des roulettes des valises devient vite la mélodie d’une danse sans fin avec les bagages, ponctuée de valses autour des autres passagers et de multiples portées jusqu’à un premier avènement, celui du coffre de la voiture qu’ils ont louée. Station presque finale dans le chemin de croix des départs en vacances. Après ...
    ... un court trajet, le Saint Graal de leur journée apparaît enfin, ce simple souffle de la porte de leur appartement qui se ferme derrière eux. Ce petit rien qui peut paraître insignifiant et qui se trouve pourtant être le moment de relâchement le plus intense de leur journée.
    
    Face à eux une grande baie vitrée, cadre ouvert sur une mer calme, détaillait l’ensemble de leur planning des jours à venir. La longue plage jonchée de restaurants s’étendait de l’hôtel jusqu’aux rues marchandes du centre-ville, dont les lumières commençaient à affronter l’obscurité de la nuit qui glissait déjà sur la jetée. Mais il fallut encore attendre de longues minutes de rangement de vêtements, de messages à la famille et de déambulation dans le parc attenant pour en arriver à cet instant où, assis à la table d’un restaurant, ils se firent face et se regardèrent enfin.
    
    Parfois certaines réflexions confinent au ridicule ; cependant, ils se demandèrent au même instant depuis combien de temps ils ne s’étaient pas vraiment regardés. Loin des regards fugaces et perdus du quotidien, de ces froncements de sourcils approbatifs ou exaspérés, au quotidien leurs yeux ne leur servaient plus qu’à surveiller, vérifier, contrôler… et ils se rendirent rapidement compte qu’ils pouvaient également permettre d’aimer. En quelques secondes, ils se virent à nouveau comme au premier jour, et tombèrent instantanément amoureux l’un de l’autre. Un coup de foudre dont la lumière les avait brûlés à jamais le jour de leur ...
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