Un enchaînement de circonstances - Histoires de Sexe

Un enchaînement de circonstances

... la cafetière…

Je retourne dans le couloir, et je fais signe à Sally de me suivre dans mon bureau. Elle me suit sans dire un mot, l’air particulièrement maussade. Je la fais asseoir, et je décroche mon téléphone…

— Allô, Tony… C’est Nolant… Tu me gardes deux places pour ce soir… Oui, jusqu’à la fermeture… Ok… À tout à l’heure… Pardon Sally… J’espère que tu aimes la cuisine italienne.

Sally écarquille les yeux.

—Quoi ? Tu me convoques ici, en me faisant flipper à mort, et tout ça pour m’inviter au restaurant ?
— J’aurais préféré t’inviter chez moi, mais tu ne réponds pas à mes coups de fils.
— Mais parce que je n’ai PAS envie de répondre, pour l’instant ! s’exclame-t-elle furieusement. Tu es trop imprévisible, David… Tu veux de moi, puis tu ne veux plus, puis tu m’emmènes dans ta chambre, tu me chauffes à blanc et tu m’ordonnes de me barrer ! Tu crois que je suis à ta disposition ?
— On n’est pas obligé d’aller au resto, remarque… Mais je pensais que ce serait plus sympa…
— Plus sympa pourquoi ?
— Plus sympa que de te faire subir un interrogatoire ici…
— Un interrogatoire ?
— Marc Boursel, l’adjoint au Maire, tu connais ?

Oh-oh… Sally est devenue livide…

— Quoi, Marc ? chuchote-t-elle. Que se passe-t-il ?

Hum, ça se complique.

— Mais… tu n’es pas au courant ? Tu ne regardes jamais les informations ?
— Non ! répond-elle vivement, en panique. J’aime pas les journaux et j’ai pas la télé ! Que se passe-t-il avec Marc ?
— Il s’est fait sauter la ...

... cervelle dimanche dernier… Euh… j’ai trouvé ton numéro de téléphone sur son portable…

Gros silence. Sally me fixe d’un air « j’y-crois-moyen, à tes conneries ».

— Tu es en train de me dire que Marc est… mort ? demande-t-elle d’un ton lourd.
— Oui… Et apparemment, vous vous connaissiez bien…
— David… commence-t-elle après un instant d’hésitation.
— Écoute Sally, je sais très bien que tu n’es pour rien dans la mort de ce fils de pute. Je ne sais pas ce qui s’est passé entre vous, et à la rigueur, je m’en tape. Sauf que la crim’ va reprendre l’enquête mardi, après nous avoir laissé remplir toute la paperasse administrative. J’ai effacé ton numéro de son portable, mais ils vont sûrement demander un relevé téléphonique, et eux, ce n’est pas au resto qu’ils vont t’interroger. Sauf… si d’ici mardi tu m’as donné assez d’éléments pour boucler tout ça. Affaire résolue, affaire classée… On peut tout régler maintenant si tu veux. Et après, je t’emmène au restaurant, et je te promets de te donner tout ce que tu veux… Qu’est-ce que tu en dis ?

*

Les dents un peu serrées, je fixe David, essayant de demeurer aussi impassible que possible. «Affaire classée », qu’il me sort. Je ne comprends rien. Pas simple de démêler tout ce merdier. Et je dois encaisser le décès de Marc… un peu l’impression de flotter dans une réalité alternative, là.

— Quand tu dis qu’il s’est… fait sauter la cervelle… tu prétends qu’il a… qu’il s’est…

David pose sur moi un regard perçant. Je tremble, mes ...