1. Mon patron, cet abruti (3 / 7)


    Datte: 19/09/2020, Catégories: fh, Collègues / Travail hsoumis, champagne, nonéro, Humour hsoumisaf, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

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    J’hésite un instant, partagée entre l’envie de descendre et celle de pousser plus loin la curiosité, mais comme la porte d’en face n’est pas fermée à clé, le dilemme est vite tranché, et j’accède à une pièce chargée de meubles plutôt que d’armoires d’archives. Bureaux, sièges à roulettes, tables et chaises… forment un étonnant bric-à-brac. Au bout, une porte supplémentaire permet d’accéder à ce qui doit être la pièce formant l’extrémité du bâtiment. Je m’y dirige, manœuvre le bec-de-cane, mais en vain. « C’est schloss, bien sûr », m’entends-je marmonner. Et plutôt que de virer de bord et de m’occuper de mes affaires, je préfère, en bonne blonde qui navigue en n’écoutant que la voix de sa curiosité, sortir de ma poche la clé plate qui, bien entendu, s’adapte parfaitement à la serrure. Trois secondes plus tard, je suis dans la place.
    
    Le local, mansardé, est pourvu d’une petite tabatière par laquelle s’infiltre la lumière chaude de cette fin de journée. Dans un contraste saisissant, tout est ici propre et bien rangé, et le mobilier, quoique sommaire, est disposé de manière à pouvoir s’y détendre tranquillement : divan trois places et fauteuils individuels pourvus de coussins, table basse, lampe sur pied avec rhéostat permettant de créer une lumière tamisée, quelques menues armoires, une étagère garnie de livres, et même un frigo-table ronronnant doucement dans un coin.
    
    Abasourdie, je reste immobile, le cœur battant, à me demander à qui peut bien servir ce petit ...
    ... salon trèscosy ! La petite voix intérieure qui devrait me répéter avec insistance que la curiosité est un bien vilain défaut et que je ferais mieux de m’esquiver sans tarder me murmure au contraire :« vas-y, ouvre le frigo, explore les armoires, feuillette les livres… » Je fais un pas à l’intérieur en empochant ma clé, et repousse la porte derrière moi.
    
    Je regarde les livres, des œuvres de grands auteurs classiques, dans des éditions de luxe à couvertures de cuir. Une armoire-bar contient des verres et quelques bouteilles d’alcool, et je me prépare à ouvrir le réfrigérateur lorsqu’un bruit de pas se fait soudain entendre, depuis une autre partie du grenier. Le souffle court et le cœur battant la chamade, j’entends avec effroi les pas se rapprocher de la pièce dans laquelle je me trouve. Mon instinct me pousse à prendre instantanément la fuite, mais la seule issue est la porte par laquelle je suis entrée, et m’esquiver par là me mettrait probablement nez à nez avec le visiteur, ce à quoi je ne tiens nullement !
    
    En vitesse, je plonge derrière le divan, et me retrouve à quatre pattes dans l’espace restreint délimité par le dossier du meuble, le mur de façade et la pente de la toiture, haute de moins d’un mètre cinquante à cet endroit. Presque aussitôt, j’entends la porte qui s’ouvre, et un pas lourd fait craquer le plancher du local. Des lumières s’allument, j’entends ouvrir et refermer des armoires, des verres s’entrechoquer, puis quelqu’un s’asseoir dans le divan de cuir. ...
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