1. Mon patron, cet abruti (3 / 7)


    Datte: 19/09/2020, Catégories: fh, Collègues / Travail hsoumis, champagne, nonéro, Humour hsoumisaf, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... pliée en quatre, sur laquelle figurent ces quelques mots, sans doute crachés par une imprimante à jet d’encre :
    
    Les combles ? Pourquoi aurais-je dû visiter les combles ? Je contemple le papier, puis le glisse à nouveau dans l’enveloppe avec la clé, et fourre le tout dans la poche de mon jean. Qui donc veut se payer ma tête ? Je quitte le local documentation en me promettant de faire comme si de rien n’était, et de préparer un chien de ma chienne à l’intention du mauvais plaisant.
    
    Lorsque je regagne le bureau, Cheryl est occupée à remballer ses affaires.
    
    — Ah, t’es là ! me dit-elle. Je me demandais où tu avais disparu.
    — J’étais à la docu.
    
    Ma montre indique que je devrais déjà avoir quitté les lieux.
    
    — Les autres sont partis ?
    — Oui. Je m’en vais aussi, m’annonce Cheryl.
    
    Elle regarde mes mains.
    
    — T’as pas trouvé ce que tu cherchais ?
    — Heu… non… mais c’est pas grave, je verrai demain.
    
    Elle semble étonnée, mais en me parlant ensuite je vois qu’elle m’observe attentivement. Ai-je à nouveau quelque chose qui cloche ?
    
    — Si je peux t’aider… propose-t-elle. Faut pas rester dans l’embarras. Mais pour trouver des informations dans le souk, tu peux aussi demander à François, c’est sa spécialité !
    
    Je hoche la tête. Cheryl enfile son blouson et attrape son sac.
    
    — T’attarde pas. Darville paie pas les heures sup’ ! Et le concierge ferme tout à six heures.
    — Non, t’en fais pas. Juste le temps de remballer…
    — Je file. On m’attend. À demain, ma belle. ...
    ... Ferme bien les lumières avant de partir.
    
    Elle me fait rapidement la bise et quitte le bureau, pendant que j’éteins mon PC et range mes affaires. Je récupère et endosse ma petite veste, mais un léger craquement dans la poche de mon jean me rappelle la présence du message. Je le sors de là et contemple à nouveau, intriguée, les quelques mots tracés par l’imprimante :
    
    Quel besoin aurais-je d’aller faire un tour sous la toiture ? Devrais-je marquer un intérêt quelconque pour les archives ? Le verbe « visiter » attise ma curiosité. Il semble prometteur de découvertes. Pourquoi diable Axel voudrait-il que j’aille explorer le dernier étage ? Et le mot est-il bien d’Axel ? Pourquoi pas de François ? Ou de Cheryl ? Ou de quelqu’un d’autre encore ? Et cette clé ? Quelle serrure ouvre-t-elle ?
    
    Des images de mon enfance ressurgissent soudain, lorsque mon île au trésor, ma caverne d’Ali Baba, était l’immense grenier de la maison de mes grands-parents. Nous nous y rendions, Poppy et moi, lorsqu’on nous y autorisait, et c’était à chaque fois un voyage de découvertes. Vêtements, livres, jouets anciens, bibelots… Nous pouvions tout explorer, à condition de tout remettre en place. Nous y vivions des contes de fées, y rêvions de beaux chevaliers, de princes et princesses, de voyages enchanteurs…
    
    « Déconne pas, Marielle. Des voyages enchanteurs, on fait pas ça dans les archives d’une entreprise d’imprimerie », me chuchote ma petite voix intérieure. Je regarde ma montre : dix-sept heures ...
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