1. Totale déchéance (1)


    Datte: 13/09/2020, Catégories: Divers, Auteur: matchless, Source: Xstory

    Le vent s’infiltrait à travers les vitres de sa Citroën familiale ; les ceintures vibraient bruyamment. Le bruit l’agaçait quelque peu, mais il était impensable de fermer les fenêtres à cause de la canicule qui avait commencé la veille. Trente-cinq degrés à l’ombre, au moins deux cent quatre-vingt-douze au soleil. La main gauche sur le volant, la droite sur le levier de vitesse, il passa la cinquième en doublant un camion roulant mollement sur la route. Son conteur kilométrique atteignit cent deux kilomètres par heure lorsqu’il activa enfin le limitateur de vitesse.
    
    -Tu roules au-dessus, le gronda sa femme, assise sur le siège passager.
    
    -Tu vas pas me faire la morale pour dix petits kilomètres/heure, quand même, répliqua Henry en posant sur elle des yeux agacés.
    
    Sylvia leva les yeux au ciel en faisant teinter ses boucles d’oreilles frottant contre ses cheveux auburn. Habillée d’une robe légère et de sandales, toutes les deux bleues, elle ajouta :
    
    -Si tu te fais arrêter, je ne veux pas t’entendre pleurer.
    
    -Mais c’est bon, me fais pas chier ! s’emporta Henry
    
    Henry, habillé d’un marcel blanc, d’un short en toile marron et de sandales, marron elles-aussi, klaxonna tandis que la voiture juste devant lui fit une manœuvre dangereuse. Il la dépassa en faisant un doigt d’honneur au conducteur, une jeune femme (traitez-moi de sexiste si vous voulez, je m’en br****) dont il ne vit pas le visage.
    
    -Tu pourrais être plus courtois, elle avait un « A » à l’arrière de ...
    ... sa voiture.
    
    -M’en fous. Si elle sait pas conduire, elle a qu’à prendre le bus.
    
    -Parce que tu savais parfaitement conduire, dans ta jeunesse ? surenchérit Sylvia.
    
    -Parfaitement, répondit Henry, dont les cheveux fins et grisonnant sous l’effet du temps se hérissaient sur sa nuque.
    
    Sylvia ne poursuivit pas cette chamaillerie puérile.
    
    Leur couple, à Henry et Sylvia, était au point mort depuis de nombreuses années. Ils se parlaient peu, et quant ils se parlaient, neuf fois sur dix, cela se terminait en dispute. Leurs travails à tous les deux leur prenaient beaucoup de leurs temps : Henry travaillait comme sous-directeur dans une banque de la ville tandis que Sylvia était chirurgienne dans l’hôpital de Lyon, la ville dans laquelle ils habitaient. Ce jour ne faisait pas exception, et ils ne s’adressèrent la parole que lorsque la voiture s’arrêta, en face d’un restaurant réputé de la ville. Le soleil commençait à se coucher, mais la température avait à peine baissé.
    
    -Appelle-moi quand tes amies et toi vous serez assez bourré la gueule, dit Henry en laissant Sylvia descendre.
    
    -Tu n’en as pas marre, d’être désagréable ? Je n’arrête pas de te dire que les copines et moi nous retrouvons toujours à ce resto, le premier mercredi de chaque mois. Pour dîner et bavarder. Rien de plus.
    
    -Pourtant, je te retrouve toujours torchée comme pas possible.
    
    Sylvia claqua la porte, frustrée.
    
    -Ma portière, putain !
    
    -Je t’emmerde, pauvre con !
    
    Elle entra dans le petit ...
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