La petite graine qui pouvait tout changer...
Datte: 09/09/2020,
Catégories:
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... coupe qu’il me tendait.
— Non, c’est le Père Noël. Il aurait bien voulu rester un peu, mais il avait du travail…
— Alors merci à lui ! dis-je, levant mon verre pour trinquer.
— À ta santé ma belle, et à celle de notre futur bout de chou !
Alain choqua son verre contre le mien, puis s’assit près de moi sur le sol irrégulier. Il sirota quelques instants son cocktail avant de me faire la proposition la plus insolite de ces derniers mois :
— Ça te dirait, une bonne bataille de boules de neige ?
— Hein ?
— Ouais, t’as bien entendu. Je te propose une virée en scaphandre… Mais finis d’abord ton verre !
Toute à mon excitation, je terminai mon rafraîchissement en deux gorgées avant de me précipiter vers le sas, heureuse comme une gamine à qui l’on a promis un tour de manège. Quand mon compagnon me rejoignit, j’avais presque fini de m’équiper.
— Tu crois vraiment qu’il a neigé ?
— C’est pas impossible, répondit-il, tout sourire. Après tout, c’est Noël, non ?
Hors de notre terrier, un spectacle à couper le souffle m’attendait. Du blanc partout, à perte de vue ! Bien que peu épaisse – dix à quinze centimètres au plus – la couche neigeuse avait suffi à faire disparaître les gravats.
Un choc à l’arrière de ma combinaison me fit me retourner. Alain rassemblait déjà de quoi faire un second projectile. Je l’imitai en riant, et nous mîmes alors à nous canarder sans répit.
ooOOoo
À notre insu, le cheminement des jours nous avait entraînés vers l’an de disgrâce ...
... 2018 – l’an II après l’apocalypse… à moins que nous n’ayons attaqué l’an II dès le mois de septembre. Je n’avais guère la tête à me soucier de ces questions de calendrier ; tous ce que je savais, c’était que les jours succédaient aux heures et les semaines aux jours, dans une farandole de grandes vacances figées à jamais.
Les seuls changements concrets, je les vivais dans mon corps. Une montée en poids irrésistible, où, mois après mois, les kilos de chair s’ajoutaient aux kilos de bébé. J’avais dépassé les 63, à présent, ce qui était trop, et trop vite. J’aurais évidemment dû en prendre conscience, voir venir les complications. Au lieu de cela, j’imputais ce poids superflu à l’inactivité, à un régime trop riche. La suite de cette histoire s’en serait-elle trouvée changée, si j’avais été moins insouciante ?
Bref, à peine le temps de dire ouf et je me retrouvai mamelonnée comme une idole préhistorique. Pour le plus grand bonheur d’Alain, bien sûr. Nous faisions toujours l’amour, de plus en plus souvent même. À se demander si ma grossesse ne rajoutait pas une dose de piquant, à ses yeux. Ce à quoi je ne trouvai rien à redire. Au moins le temps avait-il le bon goût de passer plus vite lorsque nous parcourions ensemble les contrées du plaisir…
ooOOoo
Ce matin-là, ce fut le froid qui me réveilla. Aucune main secourable n’ayant remonté le drap sur mon corps engourdi, ma vessie en profitait pour se rappeler à moi de façon pressante. La veille nous nous étions endormis sur le ...