1. La petite graine qui pouvait tout changer...


    Datte: 09/09/2020, Catégories: sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... bien.
    
    Depuis quelques jours, l’ambiance s’était tendue entre nous. Alain faisait preuve d’un certain manque d’enthousiasme vis-à-vis de ma grossesse, à mon goût. C’était peut-être sa façon d’exprimer les craintes que lui inspirait mon état… Durant ces quelques mois sous l’hôpital Chennevier, j’avais souffert de sous-nutrition extrême et peut-être même encaissée des doses dangereuses de rayonnements – à l’époque, mes compagnons et moi, nous ne savions même pas qu’il fallait changer les filtres antiradiations ! Alors, effectivement, un tas de choses pouvaient mal tourner d’ici à la naissance du bébé. Mais nous n’y pouvions rien !
    
    Bien que supérieurement équipé, l’abri des Keller ne disposait pas d’un échographe. Aucun moyen donc de s’assurer que l’enfant était normal. Alain pouvait tout imaginer, y compris que je finisse par accoucher d’un monstre hydrocéphale… De mon côté, je faisais confiance à la nature. À presque deux mois de gestation, notre fils s’accrochait toujours ; pour moi, c’était le signe qu’il était destiné à vivre. Sinon mon corps l’aurait expulsé de lui-même.
    
    L’enfermement dans un lieu hermétique, privé de l’alternance des jours et des nuits, pouvait aussi expliquer la tension qui s’installait peu à peu entre nous. Ce facteur m’inquiétait encore bien plus que l’évolution de ma grossesse. Depuis près de dix mois, nous partagions le même microcosme sans savoir quand nous pourrions le quitter, ni même si nous pourrions le quitter un ...
    ... jour.
    
    Psychologiquement, Alain et moi étions dans un état déplorable ; deux réfugiés de l’enfer tout proches du désespoir. L’être humain n’est pas équipé pour encaisser durablement un tel niveau de stress. C’était même un vrai miracle que nous n’ayons pas encore pété les plombs pour de bon, l’un ou l’autre !
    
    À ma connaissance, la seule expérience d’isolement volontaire sur une telle durée avait été la simulation d’une mission pour Mars, au début de la décennie. Si je me souvenais bien, le but était de tester la cohésion d’un groupe d’astronautes enfermés durant plus de 500 jours dans un vaisseau fictif, abrité dans un hangar de la banlieue de Moscou. Je ne me rappelais pas vraiment l’issue de cette expérience, mais il me semblait qu’ils avaient dû l’interrompre pour empêcher l’équipage de s’écharper définitivement. Un an et demi à tourner en rond, excusez du peu ! Et dire qu’Alain et moi, nous n’étions plus très loin de ce record… La seule chose qui pouvait nous aider à tenir, c’était la force de nos sentiments. Et, bien sûr, le sexe.
    
    Allongée sur une chaise longue, je profitais de la moiteur de la serre lorsqu’Alain se pointa soudain. Et, ô surprise !, il tenait à la main deux grands verres à cocktail bordés de cristaux de sucre. L’un deux était un Afterglow, mon péché mignon : moitié jus d’ananas, moitié jus d’orange, sur fond de sirop de grenadine. Avec en prime une belle fraise rouge piquée sur la touillette décorative.
    
    — Waouh ! C’est toi qu’as fait ça ? demandai-je, en prenant la ...
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