1. La petite graine qui pouvait tout changer...


    Datte: 09/09/2020, Catégories: sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... simplement partie de ces femmes dont la grossesse booste la libido. Je n’avais jamais cherché d’autre explication ; cet état de fait m’allait très bien, merci beaucoup !
    
    ooOOoo
    
    — Tu veux encore du café ?
    — Non merci, répondit Alain, tout en triturant les boutons de laCibi, le front ridé par la concentration.
    
    Si mes calculs étaient exacts, nous étions le matin du 24 décembre 2017, à quelques heures de Noël et du traditionnel banquet familial. Nous n’avions pas vraiment le cœur à célébrer un événement qui nous ramenait, encore une fois, à la perte brutale de nos familles et plus généralement de tous les êtres qui nous étaient chers. Néanmoins, il y a des traditions que l’on ne saurait ignorer. Alors j’avais prévu de sacrifier pour l’occasion un bocal de confit de canard et une bouteille de Sauternes, cuvée spéciale Yann Keller.
    
    En ce jour de festivités tristes, Alain quant à lui croyait plus que jamais au gros bonhomme à longue barbe blanche et habits rouges. Penché sur notre vieilleCibi, un énorme casque vissé aux oreilles, mon compagnon ressemblait à un opérateur radio de la guerre de 40, un explorateur d’onde en quête d’un « présent » inespéré.
    
    — Et si on se regardait plutôt un film ? lui proposai-je. Une comédie, un truc qui nous fasse du bien…
    — Mmmh… Plus tard. Tu vois bien que je suis occupé, là.
    — Occupé à quoi, tu peux me dire ? À écouter le vide ? Tu peux pas t’empêcher d’y croire, malgré tout, hein ?
    — Bon dieu, Eva ! Je l’ai pas inventée, ...
    ... cette carte, non ?!
    
    Et voilà, la même rengaine, encore et toujours… Depuis la découverte de ce message ironique dans le bunker de l’Élysée, Alain n’avait plus eu qu’une idée en tête : contacter le ou les survivants passés par là avant lui. Il n’avait jamais abandonné l’espoir de joindre quelqu’un. N’importe qui ferait l’affaire, pourvu que l’on rompe cet isolement qui peu à peu nous rendait chèvres…
    
    — Continue de t’escrimer si ça te fait plaisir ! Mais n’oublies pas un truc, Alain : ça fait plus de quinze mois que le monde nous a pété à la gueule. À part Keller, tu crois que quelqu’un a été assez dingue pour prévoir de s’enterrer tout ce temps ?
    — Je sais pas. Aujourd’hui, c’est un jour un peu spécial… Je me dis qu’en ce moment même il y a peut-être d’autres rescapés dans des abris comme le nôtre, des pauvres gens qui ne cherchent qu’une chose : à communiquer !
    
    Sa soif d’échanger ne m’incluait plus, visiblement. Se tournant avec humeur, Alain s’absorba à nouveau dans sa tâche : balayer sans fin les fréquences disponibles, répéter encore et encore les mêmes paroles dans son micro. Alors que j’aurais eu besoin de passer un moment agréable avec un mâle pour chasser mes angoisses, voilà que celui qui était à ma disposition me faisait passer après ses chimères !
    
    Je retins de justesse mon envie d’exploser. Au lieu de cela, je pris le parti de m’isoler une heure ou deux dans la serre. J’avais besoin de respirer un autre air, celui des plantes me ferait le plus grand ...
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