La petite graine qui pouvait tout changer...
Datte: 09/09/2020,
Catégories:
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... merveille, même si les premiers temps je ne me sentais pas vraiment à l’aise. Manipuler Alain pour lui imposer mes choix, ça me dérangeait quand même un peu, quelque part. Ce qui allait résulter de nos parties de jambe en l’air n’avait rien d’anodin, ça risquait même de changer notre mode de vie du tout au tout…
Puis j’appris à me raisonner. Après tout, ce n’était pas comme si je lui mentais sciemment : nous n’utilisions pas de préservatifs et il savait que je ne prenais pas la pilule. Même si nous n’en parlions pas ouvertement, il ne pouvait ignorer ce qui allait se produire. C’est toujours comme ça, avec les mecs. Ils ne veulent pas se l’avouer, mais ils attendent souvent que nous prenions les décisions importantes à leur place.
Et donc voilà, ce qui devait arriver arriva…
Depuis plusieurs semaines déjà, mes règles étaient aux abonnées absentes. Sans qu’Alain, d’ailleurs, n’y trouvât rien à redire. Pour autant, nous n’avions pas encore abordé de front la question de cette grossesse « non désirée ». Certains indices me donnaient à penser que le pauvre chéri se sentait un brin fautif dans l’affaire. Tordant ! J’avais si bien habitué Monsieur à user et abuser de mon corps qu’il n’aurait guère pu en aller autrement.
Bien entendu, j’aurais dû le rassurer sur la joie que me procurait mon nouvel état… mais cela aurait impliqué d’avouer ma duplicité au grand jour. Je préférais donc le laisser mariner un peu. Qu’il continue d’être à mes petits soins !
En réalité, ...
... tout ce qui comptait, c’était que le fœtus soit là – frêle assemblage de cellules bien à l’abri dans ma matrice. Ce bébé en moi, c’était une réplique miniature de notre couple, en quelque sorte ; enseveli sous terre, isolé dans un bunker de béton et d’acier, relié à l’extérieur par le mince cordon sanitaire du sas filtrant, mais pourtant plein d’espoir. Cette idée un peu folle m’emplissait de force, comme si mon ventre me donnait le pouvoir d’envelopper mon compagnon dans un champ protecteur, l’empêchant de finir comme Piotr…
Piotr, qui avait donné sa vie pour moi. Vie que j’avais acceptée, que je le veuille ou non. Après avoir dévoré mon mari à belles dents, voilà que je m’apprêtais à enfanter la descendance d’un autre. À partir de ma chair – et donc, par extension, celle de mon défunt époux – j’étais en train de façonner un être nouveau. Les motivations profondes de cette maternité auraient pu intéresser un psy. Heureusement pour moi, il n’y en avait plus guère dans le coin…
Parfois, dans un demi-sommeil, j’avais l’impression de sentir cette minuscule crevette bouger en moi. C’était physiquement impossible à ce stade, bien sûr. Néanmoins, dans ces moments-là, mon désir pour Alain était décuplé – je ne tardais jamais à lui mettre le grappin dessus, d’ailleurs ! – comme si une sorte de prémonition m’incitait à profiter à fond de chacun de ces instants avec mon compagnon… Une fois l’envie assouvie, pelotonnée contre Alain, la raison reprenait le dessus : je faisais ...