La petite graine qui pouvait tout changer...
Datte: 09/09/2020,
Catégories:
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... grossesse. Peut-être pourrais-je reporter l’inévitable de quelques semaines, au mieux, en dormant sur le côté gauche et en évitant les efforts brusques et les émotions violentes – en priant aussi, pourquoi pas. Mais cela suffirait-il à sauver mon enfant ?
Je n’avais pas le choix : malgré le risque de souffrance fœtale, je devais retarder l’échéance au maximum. C’était l’unique moyen de mettre au monde un bébé viable, quitte à finir avec un décollement de rétine… Sans parler des convulsions qui, à tout moment, pouvaient me faire perdre connaissance. Comment être certaine d’éviter la crise qui nous serait fatale à tous les deux ? Il n’y avait qu’une seule solution. Inculquer à Alain des rudiments de chirurgie de guerre … et prier pour que, le moment venu, il ait le cran de m’ouvrir le ventre sans perdre de temps.
ooOOoo
— Je ne pourrai pas ! déclara l’intéressé, quand je lui eus expliqué ce qu’il aurait à faire.
— Il le faudra pourtant, répliquai-je avec un sang-froid dont je ne me serais pas cru capable une heure plus tôt. Sinon on y passe tous les deux, l’enfant et moi. C’est aussi simple que ça.
Blanc comme un linge, Alain me fixait avec l’air de ne pas comprendre. À croire que nous ne parlions plus la même langue. J’avais terriblement envie de me jeter dans ses bras pour y sangloter comme une petite fille. Mais auparavant, je devais lui arracher la promesse qu’il allait bien faire ce que j’attendais de lui. Ensuite seulement pourrais-je me permettre de lâcher ...
... mes larmes en me serrant contre son torse rassurant.
Piotr me manquait comme jamais. Mon cher mari, son jugement sûr, son inébranlable confiance en lui et surtout ses doigts experts, que n’aurais-je donné pour qu’ils soient là, réunis à mes côtés dans ces instants redoutables ? Mais non, c’était par un apprenti boucher que j’allais devoir me laisser charcuter la couenne, en lieu et place d’un jeune et talentueux chirurgien obstétrique… Et déjà, je pouvais m’estimer heureuse si Alain faisait le job.
— Le moment venu, tu ne paniqueras pas si tu sais les gestes. Et fais-moi confiance, je vais te les apprendre. De toute façon, on n’a pas le choix, à moins de pouvoir contacter un gynéco acceptant de se déplacer en zone irradiée…
— J’ai… j’ai tellement peur pour toi, Eva !
Et ce fut le moment choisi par ce grand dadais pour ouvrir les vannes. En un rien de temps, c’est moi qui me retrouvai avec son mètre quatre-vingt-cinq dans les bras, en train de lui tapoter gentiment le dos pour le réconforter. Je vous jure ! C’est pas marrant tous les jours, devoir être forte pour deux !
ooOOoo
Cette « nuit » -là, j’eus toutes les peines du monde à m’endormir. Quand le sommeil vint finalement me chercher, il apporta avec lui un rêve étrangement réaliste.
Recroquevillée dans un coin du lit, je vis soudain la porte de notre chambre s’ouvrir. Le plus tranquillement du monde, Piotr s’avança vers moi, un doigt sur les lèvres. Un quart de seconde plus tard je repoussai les draps et ...