1. La petite graine qui pouvait tout changer...


    Datte: 09/09/2020, Catégories: sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... vrombissant s’était à nouveau satellisé autour de ma tête. Je ne devais surtout pas m’affoler me souvins-je d’avoir pensé, juste avant de basculer en avant.
    
    ooOOoo
    
    Je repris lentement conscience. Alain m’avait allongée sur son lit où, semble-t-il, il s’employait à tamponner mon visage avec un linge humide. Je roulai sur le côté, avec l’impression de revenir de très, très loin. Une douleur sourde pulsait dans mon dos, comme un coup de poignard au niveau des reins, tandis qu’une sueur glacée trempait mon front. Que m’arrivait-il ? Une brutale allergie au chocolat ? Le contrecoup de l’émotion ?
    
    — Éva, comment tu te sens ? Dis-moi ce que je peux faire !
    — Pou… pousse-toi.
    — Quoi ?
    — Je … je vais gerber !
    
    Il s’éclipsa, juste à temps pour éviter un flot de matières organiques à moitié digérées. Beurk ! Infect… Quand il revint, avec une bassine, des gants et une serpillière, j’évacuais un reste de bile dans une succession de haut-le-cœur. Alain, quelque peu secoué, conservait néanmoins assez de vaillance pour nettoyer la mare visqueuse que j’avais projetée à l’endroit précis où trente secondes plus tôt il se trouvait. Je lui lançai un regard piteux et reconnaissant à la fois.
    
    Je m’essuyais la bouche avec le linge abandonné par mon chevalier servant lorsque je me rendis soudain compte à quel point mes doigts étaient gourds et gonflés… Ce fut cela, finalement, qui me mit sur la voie.
    
    — Merde ! C’est pas possible !
    — Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Eva, dis-moi ...
    ... !
    
    Je dévisageai Alain un long moment avant de répondre.
    
    — Je crois que je suis en train de faire une toxémie, lâchai-je enfin, d’une voix de petite fille.
    
    Le tableau clinique était on ne peut plus clair. Prise de poids inexplicable, gonflement subit du visage et des extrémités, troubles de la vision… Si l’on avait pu réaliser une analyse d’urine dans l’abri, nul doute que l’on aurait retrouvé de l’albumine dans les miennes.
    
    Combien de fois avais-je vu ces symptômes, chez l’une ou l’autre de mes patientes ?
    
    Le souvenir d’un visage rond et pâle effleura à la surface de ma mémoire. Une jeune femme inconsciente que l’on avait emmenée au service d’obstétrique, en pleine crise d’éclampsie, deux jours à peine avant la fin du monde. Une césarienne d’urgence les avait sauvées, elle et son bébé. D’extrême justesse…
    
    Face à la prise de poids suspecte de la future mère, son médecin traitant, une généraliste habituée des défilés d’angines et de gros rhumes, avait décrété qu’elle devait « arrêter le Coca, les frites et les glaces », avant de la réexpédier chez elle sans même une ordonnance. Cette pétasse avait bien failli avoir la peau de la jeune femme et de son enfant…
    
    Où étaient-elles aujourd’hui ? Mortes, très certainement. Deux squelettes anonymes dans une chambre d’hôpital délabrée, l’un allongé dans un vestige de lit, l’autre, minuscule, dans un berceau de plexiglas.
    
    Avec une toxémie gravidique en pleine évolution, je n’avais aucune chance de mener à terme ma ...
«12...121314...»