1. La neige a des vertus aphrodisiaques


    Datte: 08/09/2020, Catégories: couple, sport, amour, nonéro, Humour nature, Auteur: Rocco si refroidi, Source: Revebebe

    ... cette pente avec votre capacité à la dominer. Et il devient énorme dès que vous êtes certain que cela ne passera que si vous arrivez à dépasser les limites de votre corps et de votre volonté. C’est précisément au moment où vous avez cette certitude que vous klaxonnez ce fameuxChiche ?, aux autres riders du groupe.
    
    À partir de cet instant, il faut vous dépêcher. Il faut presque vous précipiter pour mettre votre appréhension hors service, pour éviter que la peur s’installe. La peur. Cette salope qui tire sur votre col en vous déséquilibrant pour provoquer la faute, la dernière, celle qu’il ne faut surtout pas commettre. Mais cette peur est balayée par un sentiment étrangement jouissif de confiance absolue en vous. Il naît à l’instant précis où vous sentez que votre corps plonge en avant, quand vous lancez vos skis dans la pente. Ce sentiment extraordinaire est la première manifestation des hormones qui vous shootent pour de bon, en décuplant toutes vos sensations.
    
    Alors vous sentez dans le premier virage – et avec un plaisir qui monte dans un crescendo explosif – que vous maîtrisez absolument tout ! Que le virage suivant est évident. Qu’il ne peut pas être ailleurs que là où vous voulez l’engager. Que vous allez poser la pointe du bâton à l’endroit idéal pour le déclencher. Comme si vous aviez choisi votre trajectoire il y a deux mille ans, dans une vie antérieure de bouquetin habitué de ce couloir aux parois de granit rouge magnifique. Ce granit que vous devinez ...
    ... furtivement, au travers de la plaque de neige qui se déchire sur ses bords au contact du rocher. Ce flash coloré vous rappelle dans un tressaillement de coeur que la fragilité de la neige à cet endroit est dangereuse. Et que tout appui marqué y est interdit sous peine d’avalanche.
    
    Mais ça passe ! OUI ! Et là, il n’y a plus de limites. Il pourrait y avoir une difficulté inconnue, théoriquement infranchissable pour vous, vous savez que cela va continuer à passer ! C’est Dieu qui tient les bâtons dans ces moments-là. Vous, vous n’êtes plus qu’un spectateur halluciné, allumé par le spectacle grandiose et l’air froid qui fouette votre visage. Mais vous êtes surtout surexcité par toutes les sensations extrêmes qui vous assaillent et vous malmènent.
    
    À commencer par celles que provoquent les chocs que vous renvoient vos skis à la sortie de chaque virage. Leur violence vous fait décoller de la neige en vous remontant parfois les genoux jusqu’à la poitrine en vous coupant le souffle. Comme si vous étiez propulsé en l’air par un coup de raquette de géant. Mais cet instant violent fait aussi partie du plaisir. C’est même peut-être la plus irréelle, cette griserie qui vous donne l’impression que vous ne touchez plus la neige qu’un mètre sur trois, tellement la pente est raide. Mais cet instant d’apesanteur est bien réel. Car c’est cette absence de contact au sol qui vous permet d’ajuster avec une facilité insultante la position de vos skis pour foncer sur le prochain virage. À cet instant, ...
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