Un récit qui dérange - Histoires de Sexe

Un récit qui dérange

... qu’est-ce que tu connais d’eux ? Tu veux que je te dise ? Eh bien, Martine a bien de la chance d’avoir un mari comme Éric. Un balai ? Peut-être ! Mais une fois la porte de leur chambre fermée, le balai se transforme en gourdin… Et ce gourdin, Éric ne l’a pas "dans le cul", pour reprendre ton expression. C’est un gourdin dont il sait se servir et qui ne se fatigue pas comme certains, si tu suis mon regard…
— Mais…
— Qu’est-ce que tu crois ? Que, parce qu’ils n’aiment pas se montrer, ce sont des anges sans sexualité ? Rassure-toi : d’après ma sœur, son mari est un très bon coup, infatigable, bien monté et très attentif. Ce n’est pas comme certains qui sont obligés de se faire tout un scénario…

« Et vlan. Plein la poire. C’est ma fête. » Dans un premier temps je me sens vexé par les remarques désobligeantes de Lise, mais réflexion faite, elle ne pense pas ce qu’elle dit. Pour ce qui est de son beau-frère, je ne sais pas. Mais pour moi, pour notre couple, je sais qu’elle cherche à me rabaisser. Elle est vraiment en colère. Parce que je l’ai trompée ? Probablement. À cause de mon texte ? Aussi. Mais que faire ?

— Tu veux que je te dise ce qui m’énerve ?

« Surtout ne rien dire pour ne pas envenimer les choses… »

— Que tu m’as trompée avec une autre, c’est évident. D’ailleurs je vais… Mais aussi que tu me reproches de ne pas être assez "audacieuse", comme tu dis. Et il te faut un texte pour t’en plaindre. Il suffisait de me demander. Mais peut-être que tu préfères ...

... te faire pomper par une "Anaïs" plutôt que de me le demander ! Et cette salope se laisse peut-être "enculer" ?
— Lise, s’il te plaît, ne mélange pas tout. Tu mélanges réalité et…
— …fantasmes ? Oh, mais j’ai bien compris les tiens. Très bien. D’ailleurs mieux que tu ne crois.

Elle se lève et quitte le salon. J’entends la porte claquer.« Où va-t-elle ? Merde, pourvu qu’elle ne fasse pas une bêtise ! » Déjà je l’imagine déambulant dans les rues. Ses pas la mènent vers la Loire. Et si ? Non, tout de même un cocufiage et un récit scabreux ne méritent pas une telle peine. À moins… à moins que ? J’ai encore dans les oreilles ses paroles « Nous en reparlerons. » ; « D’ailleurs je vais… » Et si elle décidait de se venger ? D’aller retrouver un copain, une connaissance ; pire, d’accoster un inconnu et lui demander de lui faire l’amour ? Qui refuserait une telle offre ? Elle est si belle !

Pendant des heures, je me ronge les ongles. Je l’ai perdue. Je suis trop con. Mais qui aurait pu penser qu’elle lirait mon texte ? Et même ces quelques pages méritent-elles tant d’honneur, que ma femme, mon amour me quitte, se tue, me cocufie, que sais je ?

Heureusement elle revient. Je suis toujours dans le salon. Aussitôt elle se dirige vers moi.

— J’ai pris ma décision. C’est irrévocable. Je ne peux pas rester avec un homme qui…
— Lise, mon amour… Je t’aime. Pardonne-moi. Je ferai tout ce que tu veux, mais ne me quitte pas.
— Tu m’as trahie. Rien ne pourra réparer.
— Mais c’était ...