Excès de vitesse - Histoires de Sexe

Excès de vitesse

... vous êtes très fort. Figurez-vous que j’ai appelé l’hôtel dont vous m’avez parlé. Étrangement, ils ne connaissent pas madame XXXXX. Ils n’ont pas vu de monsieur XXXXX, pas plus que de lettres déposées. Vous avez tout inventé. Je sais aussi que vous êtes divorcé depuis cinq ans et que votre ex-femme vit en Suisse.
— Lieutenant, je…
— Vous ne vous en tirerez pas comme cela. La contravention a été définitivement supprimée, mais il reste « le reste ». Et croyez-moi, le reste, vous allez le sentir passer. Rien que pour outrage à la force publique, la note va être salée. Amende, et j’espère même de la prison. Avec sursis, mais assez pour apparaître dans votre casier.
— Je m’excuse, mais…
— Bonsoir, Monsieur XXXXX.

Merde ! Je suis dans la merde. Tout se déroulait pourtant comme sur des roulettes.

Depuis plusieurs années que je fais mon numéro de « cocu en suicide » avec les radars mobiles, c’est la première fois que je me fais choper. J’ai suivi des cours de théâtre dans ma jeunesse et les applique maintenant dans ces situations particulières. Mon cirque ne marche pas toujours, mais souvent j’arrive, comme aujourd’hui, à attendrir les femmes. Et, dans la police et la gendarmerie, les femmes sont de plus en plus nombreuses. Mon taux de réussite est d’une fois sur deux, et avec ma façon de conduire, j’ai économisé pas mal de points. Mais aujourd’hui j’en ai trop fait. Il a fallu que je fasse le malin. Eh bien, c’est moi qui me suis mis dans la panade.

Je ne peux pas dire ...

... que je passe une bonne nuit, mais comme disait le brigadier, « Il n’y a pas mort d’homme. »

Je sors de la douche alors que le téléphone sonne. Aussitôt je reconnais le numéro, et la voix me confirme mon interlocutrice. Qu’est-ce qu’elle me veut ?

— Monsieur XXXXX ? Lieutenant AAAAA. Claude AAAAA.

Le ton est moins sec, et la présence du prénom rend l’appel moins officiel.

— Oui.
— Avez-vous quelque chose de prévu cet après-midi et ce soir ?

Oh là là ! Je sens que je vais déguster. Mais je peux difficilement mentir. Ce serait reculer pour mieux sauter.

— Non, je suis libre.
— Alors j’ai une proposition à vous faire.
— Une proposition ?
— Disons un accord. En échange d’un service, je pourrais oublier votre attitude. Comme c’est surtout moi que vous avez prise pour une conne, je pourrais passer l’éponge.

« Accord, conne, éponge » : voilà un langage bien différent du gendarme. Pourquoi pas ? Qu’est ce que je risque ?

— Cela consisterait en quoi ?
— Rassurez-vous, rien d’illégal ou de répréhensible. Vous auriez juste à m’accompagner pour me servir de compagnon dans une soirée. Compagnon fictif, c’est dans vos cordes ! Un anniversaire de mariage. Dans la campagne. Vous seriez libre avant 22 heures. C’est juste que je ne veux pas m’y rendre seule.
— D’accord.
— Bien. Je passe vous prendre à 16 heures. Costume, sans cravate. Je ne doute pas que vous ayez cela.

Elle me prend de haut, la petite lieutenante. Pourquoi ne pas préciser : douché et rasé de ...