Dix femmes... dix destins (8) - Histoires de Sexe

Dix femmes... dix destins (8)

... assez vite, pas assez ceci, trop cela… mais je crois que c’est pour eux un moyen d’évacuer leur stress. Ils sont comme nous, angoissés avant de monter sur scène.

— Ils devraient faire comme je ne sais plus quel couple de comédiens… ils baisaient avant de passer devant le public, ça les détendait.

— Bien que je t’avoue que pour se faire tirer par ce Julien, faut avoir vachement faim. Geneviève n’est pas si moche et elle a sans doute d’autres ambitions.

— Des prétendants mieux que son compère de jeu ? Oui ce n’est pas difficile. Mais on critique là et où est donc passée Sarah ? Elle était là avant ton retour de la salle. Elle est remontée vers les coulisses et depuis… plus revenue. Merde ! Ils vont tirer le rideau pour le second acte…

— Voilà ! Au moins quelque chose sera tiré ce soir… tu ne crois pas ?

— … !

— Eh ! Détends-toi ! Je sais… c’est con d’avoir le trac, mais il revient soir après soir. Bon je vais prendre une douche et je file. Tu es invitée aussi à la soirée de l’anniversaire de Geneviève ?

— Oui !

— Alors on se revoit là-bas ! Vas-y, tu vas bientôt faire ton apparition sur le devant de la scène… à toute à l’heure… et merde pour…

Célène regarde Rebecca qui prend le même couloir qu’elle. Puis la porte se referme et la jeune femme se déshabille totalement pour se décrasser. La peur engendre aussi une odeur certaine que les autres pourraient bien remarquer. La pluie domestique coule doucement sur le crâne de la jeune femme. Vingt-huit ans et ...

... toujours la galère. Courir le cachet, trouver comme dans cette pièce un petit bout de rôle. Mais quand donc viendra l’auteur qui la mettra sur le devant du plateau, qui va écrire pour elle un rôle à sa mesure ?

Alors que la jeune femme sort du théâtre, le bruit des applaudissements arrive à ses oreilles. Le public décidément ce soir est de bonne facture. Elle remonte le boulevard, tourne dans une rue mal éclairée. Puis elle arrive dans une vieille bâtisse comme seul Paris en possède encore. L’escalier de service, puis la mansarde où elle vit. Deux pièces contiguës, dont l’une sert de cuisine avec une plaque chauffante. Juste de quoi se cuire un œuf au plat de temps à autre. Les loyers ici sont exorbitants.

Rien que son minuscule pied-à-terre sous les toits lui coûte plus de la moitié de ses maigres revenus. Mais elle s’accroche. Elle sait, elle sent qu’un jour… la chance va lui sourire. Ça fait combien de temps qu’elle s’illusionne de la sorte ? Deux ans déjà ! Et elle n’a pas encore décroché le rôle de sa vie. Mais… il va arriver ! Lors de cette soirée, peut-être. Qui sait sous quelle forme le destin peut se révéler à la jeune femme. Célène veut absolument y croire. Et l’espoir fait vivre. Reste à se préparer pour sa virée nocturne.

— oooOOooo —

Petite jupe courte, bas résille et talons hauts, le tout assorti d’un joli chemisier, une tenue affriolante pour la jeune femme qui tend son carton d’invitation au cerbère qui filtre les entrées. Célène est ravissante et ...