1. Dix femmes... dix destins (8)


    Datte: 17/08/2020, Catégories: Erotique, Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    Célène ou la bête de scène
    
    Face aux comédiens, combien sont-ils ? Célène ne sait pas et s’en contrefout. Dans les coulisses, elle attend que son tour d’entrer en scène arrive. Elle regarde de biais les deux protagonistes qui sont les deux principaux acteurs de la pièce. Elle n’a qu’un petit bout de rôle, pas plus de cinq minutes. Mais comme tous les soirs depuis trente-deux représentations, elle sent au fil des minutes son ventre se serrer. La peur, le trac, qu’on appelle cela comme on veut, ne prévient pas. Elle sent la sueur qui lui dégouline sur le cou. Les gouttes filent vers le creux formé par deux seins compressés dans son soutien-gorge pigeonnant.
    
    Elle le porte pour les besoins de la cause. C’est-à-dire juste pour sa minuscule réplique. Après elle pourra enfin se libérer de ce carcan qui lui noue les tripes. Et encore deux phrases et c’est à elle. Elle y va dare-dare. Ses jambes la supportent à peine. La voici en pleine lumière et elle expédie les mots qu’elle a appris par cœur. Elle y met l’intonation voulue par le metteur en scène et la femme lui répond. Ensuite c’est le mari qui l’apostrophe et celle-ci lui parle. Elle doit de nouveau donner la répartie.
    
    Une fois que c’est fait, elle la soubrette de service ramasse les deux verres sur le guéridon et sort tranquillement des planches. Ça a l’air simple, facile, mais en fait le foutu trac lui fait presque perdre ses moyens. Elle se sent trempée de sueur. Cette fois, elle n’a plus à trainer dans les coursives, ...
    ... derrière le rideau. Non, elle prend les escaliers et se retrouve dans le long couloir des loges. Elle partage la sienne avec deux autres petites mains de la pièce qui se joue chaque soir à guichets fermés.
    
    Rebecca est là qui attend. Elle aussi se fait un sang d’encre. Sa présence sur le plateau est bien plus longue que celle de Célène. Mais c’est seulement au deuxième acte de ce marivaudage rigolo exécuté devant un parterre de Parisiens rieurs.
    
    — Alors ? Ça y est ? Tu as fini ?
    
    — Ouais ! C’est une bonne salle ce soir. Ils rient bien sans être chauffés. Tu veux bien m’aider à dénouer ce caraco qui me serre la poitrine. À tel point que je transpire.
    
    — Tu es comme moi, le trac, ce fichu monceau de trouille qui m’étreint aussi les boyaux, à m’en faire gerber parfois ?
    
    — … oui… je suis trempée de sueur froide. Et puis ce soutien-gorge qui me serre les nichons… enfin… ça me permet aussi de bouffer un peu autre chose que des sandwichs.
    
    — Mumm ! Comment peux-tu faire des nœuds pareils ? Il va falloir des ciseaux pour couper le lacet.
    
    — Hé ! Déconne pas, tu as entendu l’habilleuse ! Si on abime les costumes, on doit raquer de notre poche et moi, de l’argent j’en ai besoin.
    
    — Comme tout le monde et bien entendu que je rigole. Voilà, tu peux respirer plus librement.
    
    — Ah ! Je crois que l’entracte arrive… nos deux vedettes vont encore avoir des reproches à me faire ?
    
    — Tiens ! Je ne suis pas la seule alors à qui ça arrive ?
    
    — Ben non ! Pas assez fort, pas ...
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