1. Je ne suis pas lesbienne, mais... (5)


    Datte: 12/08/2020, Catégories: Lesbienne Auteur: airdepanache, Source: Xstory

    ... qu’elle parvient à obtenir un semblant d’extase. Elle refuse de se demander pourquoi.
    
    Les deux jours qui suivent sont horribles. On oublie. Elle a du mal à se faire prendre au sérieux par la police lorsqu’elle signale la disparition. Elle pleure assez souvent. Elle se masturbe assez souvent. Parfois les deux en même temps.
    
    Au matin du cinquième jour, l’alarme de son téléphone retentit: c’est Patricia !
    
    Elle manque de défaillir et de laisser tomber l’appareil tellement ses doigts tremblent au moment d’ouvrir le message.
    
    — Ne te fais pas de souci, tout va bien. Je suis chez mes parents.
    
    C’est tout.
    
    Et c’est inacceptable. Noëlla est déjà dans le bus depuis vingt minutes quand elle réalise qu’elle a décidé de rendre visite à son amie sans attendre.
    
    Sur pilote automatique, sans réfléchir à rien du tout, dans une sorte de transe fébrile, elle s’est préparée à la voir - en réalité, elle s’est pomponnée comme pour un rendez-vous, enfilant le genre de robe qu’elle ne porte que pour impressionner un mec. Pas question de se demander pour quelle raison. De toute manière, elle ne pense pas, elle ne planifie plus rien. Elle n’est plus qu’un missile à tête chercheuse qui vise un objectif baptisé "Patricia."
    
    Les parents de son amie sont des gens charmants qui habitent un pavillon très confortable en banlieue. Émergeant de son bus, Noëlla fonce comme une torpille et c’est presque à perdre haleine qu’elle arrive devant la porte. Elle vérifie son maquillage dans ...
    ... l’écran de son téléphone, avale sa salive, puis sonne.
    
    On ouvre. C’est Patricia.
    
    C’est vraiment elle ! Elle est vivante ! Elle est là, face à elle, dans l’embrasure de la porte, portant son peignoir court mignon en satin. C’est plus fort qu’elle, Noëlla fonce sur son amie afin de pouvoir enfin l’embrasser sur la bouche, mais celle-ci se dérobe et l’en empêche.
    
    — Qu’est-ce que tu essayes de faire, là, Noëlla ? lui demande-t-elle.
    
    La rouquine cherche ses mots, balbutie: "Mais enfin, j’étais folle d’inquiétude, tu m’as manquée, je voulais te dire bonjour..."
    
    Elle lui fait signe d’entrer et referme la porte derrière elle: "Noëlla, tu es sans doute ma meilleure amie du monde entier. On habite ensemble. Mais quand est-ce que c’est devenu normal qu’on se roule des patins pour se dire bonjour ?"
    
    Aucune réponse. Patricia la prend par la main, l’emmène dans la cuisine, leur sert à toutes les deux une large rasade de vodka et lui fait signe de s’asseoir à table avec elle et de boire.
    
    — Mes parents ne sont pas là. On est rien que toutes les deux. Et on a plein de choses à se dire.
    
    Silencieusement, elles lèvent leurs verres et sirotent l’alcool qui leur brûle la gorge.
    
    Noëlla sourit franchement pour la première fois depuis le tour étrange qu’ont pris ces retrouvailles :
    
    — Tu me fais boire, si je comprends bien ?
    
    — Oh oui, répond Pat d’un air entendu.
    
    À travers la table, elle prend sa main dans la sienne, joue avec, la regarde avec tendresse, se mordille la ...
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