Uchronie soit qui mal y pense ou l'effondrement de l'humanité [SF] (5)
Datte: 05/08/2020,
Catégories:
Divers,
Auteur: Doogy Woogy, Source: Xstory
... un air moins bohème lorsqu’elle était à son cabinet, mais dès qu’elle franchissait la porte de sa maison, elle les libérait et changeait dans la foulée et de vêtements et de personnalité. Sophie, elle, exposait en permanence sa coiffure afro-suédoise, comme elle s’amusait à la qualifier. Au soleil, ses boucles brillaient de mille reflets ; certaines mèches blondes comme les blés s’opposaient à d’autres plus sombres, mais qui ensemble formaient une crinière digne du lion astrologique qu’elle était.
Blotties l’une contre l’autre, Emma cajolait son amie que des frissons parcouraient par intermittence. S’il avait fait plus froid, elles auraient fait une flambée, mais pour l’instant une couverture légère suffisait. Leurs chevelures se mêlaient comme la nuit et le jour se mélangent au crépuscule. Shawn Colvin chantaitShotgun down the avalanche ; deux bougies baignaient la pièce d’une lumière insuffisante pour une quelconque activité. Cela tombait bien : elles n’avaient rien à faire, sinon rester l’une contre l’autre et se laisser bercer par la chanson tout en finesse que distillaient les enceintes.
- Tu veux aller te coucher, ma chérie ?
- Non, je suis bien là, contre toi. Par contre je boirais volontiers un thé ; j’ai vraiment soif.
- OK, c’est parti !
Sophie se redressa pour laisser sa compagne s’extirper du canapé, puis se recoucha. Elle se dit qu’elle avait de la chance : demain, c’était samedi et elle pourrait traîner au lit autant qu’elle le voudrait.
Le ...
... temps de faire bouillir l’eau puis de laisser infuser le sachet ne dépassa pas quelques minutes auxquelles s’ajoutèrent celles d’un détour par les toilettes, mais déjà Irkoutsk manifestait son impatience par de courts jappements étouffés, comme s’il n’osait faire trop de bruit. Il avait dans le regard un je-ne-sais-quoi de requête qu’il accentua en se plaçant en travers du chemin comme pour forcer Emma à le suivre.
- Attends, le chien, je vais chercher le thé et j’arrive.
Elle l’enjamba, récupéra les tasses puis se dirigea vers le canapé où grelottait Sophie, pourtant emmitouflée dans la couverture. Emma posa une main sur le front de sa compagne et n’eut pas besoin d’un thermomètre pour lui trouver de la fièvre. Elle la fit asseoir et lui tendit une tasse.
- Bois, et allons nous coucher. Nous verrons bien demain matin comment cela aura évolué.
Sophie se blottit contre Emma et avala le thé comme s’il avait été froid, sous le regard circonspect du médecin.
- Ça me fait du bien ; j’en veux bien une autre tasse.
- Euh... oui. Tu ne t’es pas brûlée à boire aussi vite ?
- Non ! Pourquoi ? Il était si chaud que ça ?
Devant l’évidence de la réponse, Emma souleva les épaules puis s’en retourna dans la cuisine. Sophie se recroquevilla sous la couverture. Irkoutsk grimpa sur le canapé et s’étala de tout son long comme pour réchauffer sa maîtresse. Il posa sa lourde tête sur son épaule et émit de brefs couinements comme s’il lui parlait, comme pour lui expliquer ...