1. Au coeur de l'autre


    Datte: 31/07/2020, Catégories: fh, ff, inconnu, médical, enceinte, parking, voiture, mélo, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    ... Guy Béart :
    
    La mer est en bleu entre deux rochers bruns.Je l´aurais aimée en orangeOu même en arc-en-ciel comme les embruns…
    
    C’est l’heure parfaite, l’apogée d’une vie qui aura encore, heureusement, des bonheurs nombreux et profonds, mais sans atteindre l’intensité de ce moment-là. Il aura fallu la maladie de Valma pour cimenter notre amour. Je comprends maintenant que ce n’est pas dans le temps heureux mais dans la crise que l’on sait si on aime vraiment quelqu’un. Il y a quarante-huit heures, nous étions à mille kilomètres de là, prêtes à prendre la route ensemble. Mais c’était il y a quarante-huit siècles et à mille années-lumière, et depuis nous avons traversé des galaxies de joie autant que failli sombrer dans le trou noir dont on ne revient jamais.
    
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    Un mois plus tard. J’ai deux semaines de retard de règles, tout en ressentant une certaine fatigue. Il n’en faut pas plus pour aller voir mon médecin qui me prescrit un test de grossesse. C’est positif : la qualité des préservatifs de notre jeune interne laisse à désirer. Peut-être aussi ai-je endommagé le latex avec mes ongles tout en le manipulant. Qu’importe ; ce qui est fait est fait. Cette situation nous impose de prendre rapidement une décision : garder ou non cette petite graine de vie qui germe en moi ? J’hésite, car j’aurais voulu profiter un peu plus longtemps de la vie à deux. Valma me donne son avis :
    
    — Hitto (3) ! Garde-le ! Nous l’élèverons ensemble.
    — Alors ...
    ... marions-nous, maintenant que c’est possible.
    
    De jour en jour s’arrondit mon ventre que ma compagne et future épouse ne se lasse pas de caresser, elle qui ne pourra jamais avoir d’enfant. Ce sera un garçon. Pour ma famille, qui connaît mes préférences sexuelles, le mariage et la grossesse, c’est la double surprise. Ils ne se doutaient pas que j’irais si vite, mon diplôme à peine en poche. Certes, la vie nous bouscule et il faut parfois s’y jeter tête baissée.
    
    Nous préparons la chambre du petit. Valma a vendu son Audi, qui n’aurait pas pu nous transporter à trois, pour investir dans un véhicule plus classique, plus spacieux mais moins puissant, renonçant par là-même à sa passion de la vitesse. Et aux amphétamines aussi, sans que j’aie besoin de lui en parler. Pour être une maman, il faut d’abord rester en vie.
    
    Nous choisissons pour notre petit bout de chou un prénom finlandais, mais facile à prononcer en langue française : Marko. Nous voulions qu’il ait quelque chose de Valma, son autre maman dont il n’est pas issu de la chair. Elle ne pourra pas l’adopter, bien qu’il reçoive d’avance tout l’amour de ma future femme. Quant au papa biologique, nous préférons le laisser dans l’ignorance de la progéniture qu’il a conçue un matin par une soudaine pulsion, quitte à changer d’avis lorsque son fils sera assez grand pour vouloir le rencontrer. Nous avons bien le temps de voir venir.
    
    Marko vient au monde par une nuit d’octobre fraîche et humide, à la maternité de Port Royal. Tout se ...