Le procès du singe
Datte: 25/07/2020,
Catégories:
nonéro,
historique,
Auteur: Brodsky, Source: Revebebe
... défendez les communistes ?
Darrow : La Bible interdit-elle de défendre les communistes ?
Caleb : Les communistes ne croient pas en Dieu.
Darrow : Mais ceux que j’ai rencontrés se battaient pour que des enfants de cinq ans ne travaillent pas dans les mines de charbon et puissent aller à l’école, tandis que ceux qui croyaient à la Bible trouvaient normal qu’ils soient traités comme des animaux.
Caleb : Et les frères Loeb ? C’étaient des monstres. Pourquoi les avez-vous défendus ?
Darrow : Ils avaient une mère et un père ; ils étaient donc humains. Les traiter de monstres était trop facile… Un monstre, ce n’est pas un humain ; alors on peut l’abattre, n’est-ce pas ? Mais un être humain ? Crois-moi, si les tuer avait pu rendre la vie à leur victime, alors j’aurais dit « Allez-y, tuez les ! » et il y aurait encore eu d’autres meurtres, et d’autres exécutions, pour toujours. Moi, ce que je veux, c’est comprendre. Comprendre pourquoi des jeunes gens qui ont tout reçu, famille, fortune, éducation, puissent en arriver à faire ce qu’ils ont fait. Et alors on commence à voir apparaître une autre vérité, une vérité humaine, des enchaînements de circonstances, et on finit par se demander comment nous aurions réagi à leur place. Sommes-nous certains que nous sommes si différents d’eux ? Comment faire pour que cela ne se reproduise plus ? C’est ça mon travail, petit : empêcher que le pire se répète toujours.
Caleb : Mon père dit que si on les avait tués on aurait été ...
... certains qu’ils n’auraient pas recommencé.
Darrow : Ton père à raison. Mais vois-tu, j’ai un jour assisté à la pendaison d’un homme ; un fou qui avait tiré sur le maire de ma ville. C’était un spectacle atroce… Et ça n’a rien résolu. Comment rester de marbre devant un homme qui implore la pitié du bourreau ? Je n’en suis pas capable, mon garçon. Et je te souhaite, ainsi qu’à ton père, de ne jamais être le témoin d’une chose pareille.
* * *
Scène 2
(Darrow, Bryan, Caleb)
Entre William Jenning Bryan. Caleb retourne discrètement derrière le bar. Bryan et Darrow s’étreignent chaleureusement et s’assoient l’un en face de l’autre. Darrow remplit les deux verres de whisky.
Darrow : William, mon vieil ami…
Bryan : Clarence… ça fait combien de temps ?
Darrow : Trop, visiblement: tu as oublié que je déteste qu’on m’appelle Clarence.
Bryan : Hi hi hi… À ta santé, vieux camarade !
Darrow : À la tienne !
Bryan : Alors cette fois nous voilà face à face…
Darrow : L’un contre l’autre.
Bryan : Tu sais que je ne ferai aucun cadeau dans cette affaire.
Darrow : Oui.
Bryan : Et tu sais que la loi est claire : Scoope est coupable.
Darrow : Oui.
Bryan : Alors ? Je ne comprends pas… Qu’est-ce qui te pousse à défendre ce type ?
Darrow : La même chose qui m’a poussé à te soutenir par deux fois dans tes campagnes pour la présidence des États-Unis. Scoope a tout contre lui, mais il a raison.
Bryan : Non Darrow ; Scoope a le droit de croire en ce qu’il ...