1. Vous rappelez-vous, Yannick ?


    Datte: 13/04/2018, Catégories: fh, cadeau, hotel, amour, cérébral, lettre, Auteur: CamilleM, Source: Revebebe

    ... qui combla d’aise vos pupilles, vous oubliâtes complètement la présence de l’autre, que l’on pouvait admirer par la fenêtre, tellement lointaine en ce moment précis de la nuit.
    
    Comme je vous devine dans la peine de ne pouvoir vous remémorer que, moi à genoux et penchée vers l’avant, la croupe relevée et ouverte à toutes vos folies, vous avez avec délicatesse choisi la porte du paradis plutôt que celle de l’enfer, et que vous n’avez pas ainsi abusé de ma faiblesse momentanée (votre civilité vous honore) ; et vous faufilant dans ce passage si bien aménagé, vous avez trouvé le ton juste pour me faire gravir une à une les marches du bonheur qu’on qualifie de façon tellement inexacte de charnel. Je vous ai bien entendu caché que j’appréciais la simultanéité de la caresse de ma main sur la partie antérieure de ma féminité, et qu’en ce moment précis, la sensation d’un orgasme vaginal naissant a été accompagnée d’un mouvement plus rapide de ma main.
    
    Qu’il me désole de ne pouvoir vous raconter qu’à l’instant précis où il n’y eut plus de retour possible, qu’après avoir encouragé une dernière fois votre ardeur à la tâche par des mots si bien choisis, ma tête s’est enfoncée dans la douceur veloutée du coussin où, ne me retenant plus, j’y ai craché à pleins poumons la fureur de mon cri d’orgasme, évitant ainsi l’occasion de susciter chez ces voisins si encombrants l’envie d’appeler police-secours.
    
    Qu’il est triste de penser que jamais vous ne pourrez réitérer avec moi cet acte ...
    ... de jouissance qui vous transporta aussitôt après le mien sur le chemin que je venais juste d’emprunter, moi vous prenant aussitôt par la main en pensée, pour vivre ce passage toujours trop court dans un monde où la rationalité n’est pas de mise.
    
    Et comme vous maudirez votre frustration actuelle de ce que, dans mon fantasme avec vous, les préservatifs et les autres casse-ambiance n’aient pas eu cours, et que c’est avec beaucoup de grâce que j’acceptai l’honneur que vous me fîtes de me remplir le corps de votre substance procréatrice, sans craindre en aucune manière les suites fâcheuses qui parfois transforment ces moments d’abandon en mesures expiatoires.
    
    Vous rappelez-vous, Yannick, que nous nous sommes quittés juste avant le lever du jour, dans cette pénombre si rassurante, ne sachant toujours pas à quoi ressemblaient nos traits et quels étaient nos âges ; et que sans nous être adressé une seule fois la parole, nous nous sommes convaincus une fois encore que si la connaissance de nos natures profondes n’était pas accessible par l’examen de nos visages, la porte que nous nous étions mutuellement ouverte avait à défaut rendu un tel savoir possible.
    
    Vous rappelez-vous enfin, Yannick, que nous nous sommes écrit, avant cette rencontre entre nous dans mon monde idéalisé, pour nous dire que l’amour qu’on ne fait qu’en imagination est peut-être le plus beau cadeau que l’on puisse s’offrir. Et si nous ne nous le sommes pas écrit, alors laissez-moi le faire maintenant.
    
    * * ...