1. Vous rappelez-vous, Yannick ?


    Datte: 13/04/2018, Catégories: fh, cadeau, hotel, amour, cérébral, lettre, Auteur: CamilleM, Source: Revebebe

    ... celui de tous les badauds, les regardant individuellement dans les yeux telle la passante de Baudelaire, m’imaginant que vous étiez ce jeune homme si bien bâti, cet homme d’âge mûr aux temps grisonnantes ou encore ce faux Apollon qui dormit sur la place pendant tout l’après-midi. Et comme je goûtai à l’avance la lente montée de l’envie qui devait croître en vous, qui que vous puissiez être, à me voir là, si provocante, dans ma simplicité toute féminine.
    
    Vous ne pouvez pas non plus savoir combien j’avais envie de vous, et que le soir, quand je me suis rendue dans ma chambre d’hôtel, je vous ai indiqué par e-mail le numéro de ma chambre, que je vous y ai attendu nue sous cette couette qui me devint insupportable après quelques minutes seulement, que j’y ai soupiré d’aise à l’idée d’imaginer que vous étiez exactement mon type d’homme et que vous alliez apparaître dans l’encadrement de ma porte, éveillant en moi l’envie primordiale d’être prise par vous et de vous être soumise.
    
    Quel dommage que vous ne puissiez vous rappeler ce que vous n’avez pas pu vivre, à savoir que je n’avais pas allumé la lumière pour conserver de vous une image aussi idéalisée que possible de ce que peut être l’Homme, qu’aussitôt que vous êtes entré dans mon appartement, vous avez arraché cette intempestive couette, dernier rempart de la civilisation, que vous vous êtes déshabillé en toute hâte, et que, malgré toute mon envie, vous avez refusé de me prendre avec toute l’avidité qui devait ...
    ... normalement accompagner cette violence contenue qu’impliquaient nos états d’esprit.
    
    Combien vous devez vous languir, en lisant ces mots, de n’avoir pu partager au même moment que moi ce plaisir fantasmé de votre langue se faufilant au creux de ma bouche et qui me fit tant de bien, avant que cette partie si agile de votre corps ne préféra la saveur de ma peau, et plus particulièrement de ce morceau de moi, là, plus bas, activité qui me procura un début d’extase dont les mots, aussi subtils et aussi raffinés qu’ils soient, ne pourront jamais rendre compte.
    
    Que je regrette de ne pouvoir vous rappeler que, pour ne pas susciter d’émoi chez nos voisins de chambre, je me suis volontairement appliqué comme bâillon ce membre qu’on dit viril, me donnant ainsi la sensation de me rapprocher de cet état de félicité dont je vous avais déjà fait part dans mes pensées intimes antérieurement mises en ligne. Que dans cette position, nous restâmes longtemps, moi, sur vous, impudiquement livrée à votre voracité, vous, en dessous, appréciant comme il se devait toute la saveur des fruits de l’expérience acquise en cette matière par une jeune femme de 29 ans.
    
    Ne soyez pas déçu si vous ne pourrez vous raconter, dans quelques jours, que quand nos corps n’en purent presque plus, quand je vous ai supplié de me procurer la perfection du bonheur charnel, je vous l’ai demandé en des termes que la décence ne me permet pas de rendre publics ; et que me retournant pour vous offrir la vision de ces deux lunes ...