1. Belladone, aux vénéneuses séductions !


    Datte: 21/07/2020, Catégories: fh, ff, prost, caférestau, Voyeur / Exhib / Nudisme odeurs, Oral 69, mélo, portrait, policier, bourge, Auteur: Asymptote, Source: Revebebe

    ... qui couvre son œil.
    — Oui Madame. J’ai perdu mon œil au Hartmannswillerkopf (7) en 1915. Cette perte, dès le début des hostilités, m’a valu de ne pas voir les horreurs qui ont suivi et je crois, en définitive, avoir été gagnant.
    — Vous auriez pu y croiser la baïonnette avec mon mari qui a péri aussi là-bas, aussi en 1915.
    
    Cette confidence lui fait entendre qu’il vient de gagner ses bonnes grâces.
    
    Il s’absorbe ensuite dans la contemplation de l’antre et de sa faune.
    
    Chaleur et odeurs dominent. Chaleur de la journée que l’orage n’a pas tempérée dans cet intérieur confiné et que la réunion d’une trentaine de personnes rend suffocante. Odeurs confondues de transpiration, de vinasse, de bière, de tabac et de pétrole qui composent un cocktail presque explosif. Même la palette de Daumier aurait peiné à rendre compte de la multiplicité de ces trognes rubicondes décorées de pustules, de verrues et de goitres. Au-dessus de quadruples mentons impérieux grimacent des bouches édentées et fétides surmontées à leur tour par des yeux tantôt vifs qu’animent les conversations, tantôt apathiques et globuleux, noyés d’alcool. Ces faces dégoulinent de sueur qui s’épanche en grosses gouttes luisantes en reflétant la flamme des chandelles illuminant les tables. Quelques femelles très légèrement vêtues ont accompagné leurs mâles et exposent des bustes largement dépoitraillés qu’elles éventent d’un mouchoir crasseux. Elles se faufilent parfois entre les convives, frottant leurs chairs ...
    ... molles contre le dos de ceux-ci et lâchent des trilles stridents lorsque des doigts anonymes leur pincent les fesses.
    
    Bien que ne comprenant pas grand-chose aux ardentes discussions avinées qui mélangent à l’envi alsacien et allemand avec de rares mots de français, il lui semble qu’aucune ne se rapporte à l’évènement de la nuit précédente.
    
    La porte s’ouvre et il voit entrer l’une des trois filles qu’il avait abordées le long de l’Ill. Un batelier la suit. Elle traverse la salle, décroche une clef au comptoir et s’enfonce dans l’escalier étroit et raide qui grimpe derrière une tenture, toujours suivie par son client. À défaut d’être maquerelle, la Rose loue donc des galetas dans les étages de sa maison, et Marie-France devait certainement convier là son, ou ses amants.
    
    Les débats du lendemain, au commissariat, sont houleux. Le commissaire principal qui fait office de préfet de police tonne que cela vaut bien la peine d’affecter deux collègues à cette enquête et d’obtenir aussi peu de résultats. Quand le légiste révèle des relations sexuelles vraisemblablement consenties, tous se félicitent de l’absence de monsieur Haas, qui aurait violemment protesté et défendu l’honneur de sa colombe.
    
    Dumouriez, plein de morgue, fait constater que la jeune fille, revenue à son domicile pour se changer, ne pouvait donc avoir été enlevée dès sa sortie de la préfecture. On l’avait dépouillée de son sac à main et d’un bracelet en or, probablement arraché, ainsi qu’en témoignait la ...
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