Petite robe noire à l'hôtel Lutétia - Histoires de Sexe

Petite robe noire à l'hôtel Lutétia

... je croisai le regard de cet homme, une demi-seconde. Une émotion troublante et une torpeur m’envahirent. Cet homme avait une prestance, une stabilité, une élégance, une force qui se dégageait de lui. Je sentis mes joues rosir.

Je humai l’air en recherche de son parfum, poussai un fauteuil, posai mes paquets au sol et m’assis. Rien de tout cela n’était prévu. Non, rien de ma journée n’était écrit. Je flânais, libre, au grès de mon humeur et de mon destin. Et dire que je venais de trouver l’une des plus belles robes de ma vie, que je venais d’entrer ici et de croiser cet homme. Tout cela par hasard. Et s’il était mon loto à moi en ce jour de chance ?

Il lisait son journal économique au bout du comptoir, costume impeccable, chaussures cirées luisantes et montre Piguet devant un verre desingle malt qu’il buvait sans glace. Absorbé dans sa lecture, il ne devait pas moins deviner que je le regardais. Il était probablement bon chasseur et laissait à sa proie le temps de venir évaluer le danger. Il se laissait désirer, en attente, sûr de lui.

Il regarda sa montre deux trois fois, comme s’il attendait quelqu’un, puis regarda enfin dans ma direction. Quand il se leva pour venir vers moi, mon cœur se mit à battre comme celui d’une gamine de quinze ans quand son amour de jeunesse tant désiré s’approche d’elle. Mon visage se figea sur un sourire béat, un mélange d’envie, de peur et de surprise.

— Excusez-moi mademoiselle, vous êtes Élodie ?

Je voulais être qui il voulait ...

... que je sois pour entendre sa voix grave de mâle dominant. Je voulais profiter de sa présence à mes côtés, ne serait-ce qu’une seconde de plus. Ma tête me dit non, bien sûr, car mon prénom est Isabelle et non Élodie.

— Oui bien sûr, je suis Élodie, comment l’avez-vous deviné ?

Son regard bleu de chasseur carnassier, fin connaisseur des femmes en dit long sur son plaisir que je sois cette Élodie attendue.

— Vous ne ressemblez pas trop aux photos du site. Mais vous êtes plus belle encore.

Le compliment tomba sur moi comme ma petite robe noire sur mon corps.Tiens donc, Monsieur, qui n’a même pas retiré son alliance, fréquente un site de rencontre ?

— Je ne m’attendais pas à ce que vous ayez dix minutes d’avance, normalement vos consœurs sont toujours en retard.

Des consœurs, comme cela était joliment dit. Ce bel homme dans cet hôtel de luxe attendait une pute, en fait ? Oui, ce devait être cela. Une consœur de la confrérie des Courtisanes. Ma tête me disait qu’il fallait que je file de là vite fait, que je quitte cet hôtel sur-le-champ, sans lui…

— Montons, de toute façon j’ai un dîner plus tard et ne dispose de pas trop de temps.

Décidément mon corps ne suivait pas mon cerveau. Je le suivis sans broncher au lieu de m’enfuir ou de refuser son offre. Il était si sûr de lui. Je ne sais pas dire non de toute façon. En plus il fallait quitter le bar, que se passerait-il si la vraie Élodie arrivait ?

Il laissa un billet de 50 euros sur le comptoir. Pour un ...