La mère (1)
Datte: 10/07/2020,
Catégories:
Divers,
Auteur: Jieff, Source: Xstory
... ne s’oublie pas, il y a tant de Momo sur terre. Mais, par écrit, face à l’administration j’insistais personnellement et lourdement sur les majuscules et l’apostrophe. Pour leur apprendre que je n’étais pas n’importe quel momo, que j’étais Moi.
2 L’érapadéconcato
Il y a deux mois que je suis ici, dans cet antre de bigotes et je dois dire que tout se passe à merveille. Les administratifs répugnant à se frotter au petit personnel ne nous dérangent pas plus que ça et ne m’enquiquinent plus.
- Pensez donc! Des noirs !
L’univers de ces mannequins empesés était une sinécure. Si on les saluait chaque jour avec humilité, s’ils avaient leurs papiers roses et leurs papiers bleus, si nos vêtements de travail étaient lavés et repassés chaque semaine, dans leur paradis nous n’existions plus.
Ils et elles partaient à cinq heures tapantes après les longs rituels de cirage de pompes - Aprèvoujevouzenprie - de nouage de cravate, de vernissage des ongles, de maquillage de l’œil et de peinturage des bouches.
Ce beau monde nous fichait donc une paix royale et nous laissait flâner tranquilles à nos jardinages, ménages, bricolages, lessivages, repassages et autres réjouissances. Certaines de ces tâches me procuraient de vrais plaisirs, jardinage et bricolage par exemple, mais je haïssais les autres, le repassage particulièrement.
Le parc de l’Erapadécato verdissait et fleurissait avec enthousiasme grâce à mes soins méticuleux. J’aimais cette part de mon boulot et je le faisais ...
... savoir avec un grand sourire que j’essayais de rendre aussi niais que possible. Pensez donc ! Un jardinier- homme- à- tout- faire et noir? Je ne pouvais qu’être stupide. Qu’ils et elles le croient m’arrangeait bien.
. L’excellence de mon travail de jardinier bricoleur devint si évident que bientôt je fus dispensé de lavage et de repassage. Ouf ! Mais jamais je n’aurai dévoilé les profondes raisons de cet amour du travail bien fait.
La vérité était que bien planqué au fond de mon âme, noire bien entendu, j’étais depuis toujours un total obsédé sexuel, érotomane patenté et, comble du comble, gérontophile actif.
En plus de cinquante ans, j’avais eu tout le temps de faire le tour des minettes aux formes de poupées Barbie. Ce tour d’ailleurs était, chaque fois, si vite fait que je m’en lassais rapidement. A ces jeunettes lisses, rasées, désodorisées, décolorées et aseptisées, il ne manquait que le faux gazon en polystyrène adhésif sur le mont de Vénus. Elles n’avaient, pour la plupart, ni imagination, ni personnalité et pleurnichaient à la moindre tentative originale d’expérimentation sexuelle.
Jardinier, je haïssais ces fleurs en plastique et le temps passant, mon imaginaire insatiable m’avait poussé à m’intéresser précisément à plus âgées, à toutes sortes de vieilles, surtout les grosses, et de plus en plus. Quand on a le ventre creux et l’assiette plate ou l’inverse, on rêve de repas pantagruéliques. Mais pas que…
Coté grassouillettes, ici, à l’Erapadéconnecato ...