1. Intermezzo - Deuxième partie


    Datte: 30/06/2020, Catégories: fh, journal, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... désagréables. Mais apparemment, je ne suis pas maîtresse de mes émotions, aujourd’hui. J’aimerais pouvoir ravaler mes paroles, mais bien entendu c’est trop tard, car nous savons tous les deux que j’ai raison. C’est bien le pire d’ailleurs. Si seulement je pouvais avoir tort !
    
    Notre dialogue au ton léger me manque, celui que nous tenions avant que je n’exprime mon regrettable point de vue sur notre « nous » d’avant. Ce n’était pas intime, c’est vrai, mais au moins, nous donnions l’impression de ressentir quelque chose l’un envers l’autre.
    
    Dieu, comme tout est si dur avec toi.
    
    Que j’en vienne à regretter ce simulacre d’amitié entre nous prouve bien la profondeur du fossé qui nous sépare. Et si, à la contemplation de ton visage tant aimé jadis, je me rappelle parfois de tout ce qui nous a rapprochés il y a longtemps, je ne me souviens que trop, également, de tout ce qui nous a éloignés l’un de l’autre.
    
    Et on ne prend conscience d’un changement si radical que lorsqu’on a la possibilité de le comparer à autre chose. Oui, comme tu as changé. Pourquoi essayer de me persuader du contraire ? Et si cela induit que tu n’es plus aussi drôle et enthousiaste qu’avant, cela induit peut-être aussi que tu n’es plus aussi égoïste et désinvolte qu’avant. Pourquoi suis-je assez bête pour continuer à te reprocher des actes commis il y a si longtemps, dans une vie qui n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui ?
    
    Il serait bon, de temps en temps, de vider sa mémoire… d’oublier ...
    ... les mauvaises choses.
    
    – Qu’est-ce que ça veut dire ? demandes-tu avec curiosité. C’est un poème ?
    
    Tu as lu par-dessus mon épaule, et je me sens vaguement gênée.
    
    – Oh, juste quelques mots, comme ça.
    
    Tandis que tu restes immobile, voûté au-dessus de moi, ta main caresse doucement, comme par maladresse, les petits cheveux ébouriffés de ma nuque. Je soupire, décide de te donner un coup de crayon de bois sur les doigts, avant de brusquement me raviser. Au contraire, je lève une main et saisis la tienne, puis la serre, fort. Je sais que tu souris.
    
    – C’est vraiment très triste, dis-tu.
    
    – Non, pas vraiment. C’est juste quelques mots écrits au hasard, je t’assure.
    
    – Ok. Mais j’aime bien la tristesse. Il y a quelque chose de très beau dedans.
    
    Je me contente de pousser un grognement peu convaincu.
    
    – Si,je t’assure, insistes-tu, m’imitant avec malice.
    
    Je lâche ta main, irritée sans savoir pourquoi.
    
    – Toi, tu es triste, annonces-tu, te penchant davantage pour capter mon regard.
    
    Nos yeux se croisent. Je te contemple fixement, le cœur palpitant, au bord des lèvres. Cœur de sang.
    
    – Ça veut dire que tu me trouves belle ? murmuré-je, presque malgré moi.
    
    Un sourire vient éclairer ton visage, puis, rapide comme l’éclair, tu effleures le bout de mon nez d’un baiser, et te redresses, sans te presser. Je tourne la tête pour te suivre de mes yeux embués.
    
    – Ce n’est pas pareil, affirmes-tu, plein d’une suffisance moqueuse, mais pas méchante.
    
    Puis tu ...
«1...345...10»