1. Intermezzo - Deuxième partie


    Datte: 30/06/2020, Catégories: fh, journal, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... agréablement avec toi, je ne sens plus cette complicité qui nous unissait il y a trois ans. Et bien que ça me fasse de la peine de penser ça, je me dis que probablement, il n’y aura plus jamais de complicité entre nous, à l’exception de celle qui nous relie entre une couverture et un matelas…
    
    – Je suis content que tu sois venue, dis-tu au bout d’un moment. Very glad, you know.
    
    Je me tourne vers toi, surprise.
    
    – Ah oui ? laissé-je échapper d’une voix dubitative.
    
    – Oui, of course… ça me donne l’occasion de visiter la ville, je vais dans plein d’endroits où je ne serais pas allé de moi-même… C’est une bonne opportunité de redécouvrir ces quartiers.
    
    – Tu travailles trop, mon cher, dis-je presque mécaniquement.
    
    En effet, je réfléchis à ce que tu viens de dire. Mais tu continues à parler, et je fais un effort pour me rebrancher à la conversation.
    
    –… J’en parlais l’autre jour avec des camarades, et ils étaient du même avis que moi… Je leur ai dit que je redécouvrais Genève depuis que j’avais une amie chez moi, et ils ont compris ce que je voulais dire. Je crois que lorsqu’on étudie dans une ville, on ne prend jamais le temps de faire du tourisme. Je suis bien content que tu me permettes de faire tout ça.
    
    Donc voilà, je ne suis qu’un prétexte. Un prétexte au plaisir. C’est déjà ça, me dira-t-on. En plus de ça, tu as dit à tes chers camarades que j’étais une amie, plutôt surprenant de ta part ?
    
    – Je ne crois pas que nous soyons amis, dis-je de but en ...
    ... blanc.
    
    Tu me regardes fixement, puis détournes la tête, le visage impassible.
    
    – Pourquoi crois-tu ça ? réponds-tu enfin, après un long silence.
    
    Je m’arrête au milieu de la rue.
    
    – Et pourquoi ne le croirais-je pas ? Tu m’as très bien montré à quel point je n’avais aucune valeur à tes yeux.
    
    – Ne dis pas ça, insistes-tu d’une voix contrite. Pourquoi tu melereproches tout le temps ?
    
    Je ne réponds pas, le visage fermé. Tu sembles hésiter, puis t’approches de moi dans l’intention évidente de me prendre dans tes bras. Mais assez de cela, je ne veux plus de tes étreintes uniquement là pour me faire digérer les mauvaises pilules. Je m’écarte brusquement de toi.
    
    Pour qui me prends-tu, mon cher ami ? Une imbécile qui se laisse dorloter par les caresses et qui en oublie les mauvais souvenirs qu’on lui a martelés des années durant ?
    
    Je laisse tomber d’une voix suffisamment sèche pour couper court la conversation :
    
    – Tournons dans cette rue, ça a l’air agréable.
    
    Et sans attendre ta réponse, je reprends la marche. Au bout d’un moment, tu me rattrapes, et nous restons ainsi, l’un à côté de l’autre, bras ballants, pendant de longues minutes, jusqu’à ce que j’annonce avoir faim, d’une voix plus calme. Nous partons donc à la recherche d’un endroit où l’on vend des sandwiches à des prix raisonnables.
    
    Pendant que nous marchons, je regrette à chaque pas ces choses que je t’ai dites. Ce n’était pas vraiment mon intention, de t’accabler encore une fois de remarques ...
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