La décision
Datte: 22/06/2020,
Catégories:
jeunes,
religion,
forêt,
amour,
aventure,
fantastiqu,
Auteur: Lise-Elise, Source: Revebebe
... attirante ainsi. Avec un peu de terre sur les joues, n’eut été la chevelure, on aurait pu la prendre pour un adolescent un peu trop gracile. Fasciné, Fyrag voulu toucher l’étoffe sortie de nulle part, et rencontra la peau nue de Thyris.
C’est son air surpris qui alerta la jeune femme. Dès qu’elle comprit, elle lui sauta au cou. Le garçon ferma les yeux : le conflit entre ce qu’il voyait et ce qu’il sentait le déconcertait trop.
La magie le dérangeait toujours autant. Mais surtout, le grimage de la vestale lui fit prendre conscience de ce qu’ils étaient en train de faire. La prophétie, l’objet, même cette marche difficile à travers la forêt n’étaient, finalement, qu’une sorte de jeu. Ça avait à peine été différent des combats imaginaires qu’il inventait à la ferme, une aventure merveilleuse, presque sans risque. Même la séquestration dans les caves voûtées de la maison des sœurs s’était révélée anodine, après coup. Mais de voir Thyris abandonner une apparence à laquelle elle était si attachée lui fit prendre conscience de l’enjeu réel : ils n’étaient plus devant le mur, ils prenaient des décisions qui engageaient l’avenir du monde. Il sentit un vertige le prendre. C’était trop, vraiment. Il se secoua pourtant, et, pour faire diversion, dit :
— Ça ne suffit pas, tu sais.
Thyris acquiesça. Il fallait trouver quelque chose pour les cheveux. Elle essaya d’abord de se former un capuchon, mais la moindre mèche s’en échappant aurait dévoilé la supercherie. Elle essaya ...
... ensuite de les enchanter. Ça ne fonctionna pas. Ils approchaient dangereusement des terres hédionnydes. La solution était simple, mais Thyris ne voulais pas s’y résoudre. Sa longue chevelure flottante, tout comme la tenue rituelle, était l’apanage des vestales. Le simple fait de les nouer en chignon était se rabaisser. Alors les couper !
Fyrag plongea les mains dans les boucles emmêlées. Il tira les cheveux en arrière, rendant ainsi le visage de la jeune femme étrangement nu. Elle semblait plus dure ainsi, plus adulte. Elle l’intimidait un peu. Il relâcha légèrement la tension pour laisser les boucles se reformer, adoucissant aussitôt les traits. Il l’embrassa doucement.
— Ça ne te ferait pas moins jolie, tu sais. Ça te rendrait juste différente. C’est si exceptionnel, les filles aux cheveux courts. Je crois que ça t’irait bien.
Elle n’osa pas bouger. Elle savait bien qu’il fallait le faire. Ça la rendait si malheureuse.
— Tu le crois vraiment ?
— Il faudrait essayer, forcément.
— Je ne veux pas.
Fyrag se demandait toujours pourquoi il la trouvait attendrissante lorsqu’elle avait cette moue boudeuse.
— On ne peut pas faire autrement, tu sais.
Elle secoua la tête. Hésita. Puis demanda :
— S’il te plaît, fais-le.
Il sortit solennellement son poignard, l’affûta sur une pierre, en éprouva le fil. Puis il ramassa la blonde chevelure et trancha. Thyris ferma les yeux.
— Brûle-les, dit-elle.
L’odeur piquante les prit à la gorge. Fyrag s’employa ...