Chronique d'une chute annoncée
Datte: 12/06/2020,
Catégories:
amour,
nonéro,
amourdram,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... rai de lumière dans la pièce, dans le ciel obscurs.
J’ai mal. Encore et toujours, cette peine écrasante ; ce goût terreux sous la langue, dans ma bouche ; ce rictus… Je fouille dans mon esprit pour croire encore que tout va bien, que tout va mieux… Cet effort est si redoutable que je transpire à la base du crâne, et de plus, c’est inutile, tout comme est devenue inutile toute mon existence…
Je sens que c’est le moment, celui que j’attends si fort, que ce corps étranger craint tellement… Mais cette fois, ça y est, mon esprit prend le dessus – il prend le pas de mes angoisses, de ma solitude, de mes nuits sans sommeil, il prend le pas de ma rage, de mon impuissance, de ma si lourde souffrance, de mes cauchemars inépuisables, et moi…moi lui cède enfin…
Mon ailleurs, mon paradis… Je te retrouve enfin… Je me souviens qu’une fois, j’ai essayé de t’abandonner… tout cela est si loin, déjà… j’ai lutté des jours entiers… mais quel malaise dans mon être, quel insoupçonnable vomissement de mon cœur dans tout l’appartement ! Trop penser, trop souffrir… il jaillissait partout où je tentais de m’apaiser, ce flot continu de cris, de larmes, de douleurs… sur ce lit qu’elle aimait tant, dans cette cuisine qu’elle a repeinte, ce canapé où elle est morte… trop-plein de souvenirs, d’images ; cet amour à l’éclat si éclatant, si magique… j’aurais dû savoir que ça ne pourrait pas durer… le bonheur ne dure pas, ne dure jamais, jamais…
Jamais.
Une coquille vide, non, ce n’est pas ...
... vrai… Cet air glacial que je respire, ce ciel trop bas qui pèse sur mes épaules, cette colère, cette souffrance si terrible qui se repaît de mon âme, ce n’est pas être vide, ça, non… ce qui est vide, c’est mon cœur, c’est ce membre qu’on m’a arraché, c’est cet amour que la mort a sectionné dans ma poitrine, cette vie, ce sang fiévreux qui m’ont quitté brutalement,son absence dans cette bulle d’hélium qui pèse pourtant comme du plomb dans mon corps… Il y a tout ça en moi, et dans ce tout ça, il n’y a plus rien, il n’y a plus que la désolation, l’aridité, et le manque… le manque si cruel, qui renaît avec le soleil chaque matin que le Diable fait…ce n’est pas être vide, ça, maman… Est-ce qu’une coquille vide ressent cela ?
Mont Everest… tout en haut, à la pointe de son pic, je respire, et l’air n’a plus de poids, n’a plus la consistance lugubre et désespérante de mon quotidien d’ici-bas… Je me sens bien là-haut, je me sens plein, heureux, je me sens vivre… pourquoi arrêter ce délicieux voyage vers l’amour ? Je vole, je bondis de planètes en planètes, de corps en corps, glissant, gravissant, sautant dans le ciel rouge, mes pieds en appui sur ces formes décolorées, ces seins lourds, cette courbe de ventre, ce visage trop parfait, cette cambrure de hanches… Je saute et j’atterris, je m’enfonce et je me rejette, je me souviens et j’oublie, je pleure et je ris, j’aime et j’indiffère, je retiens et je laisse, je garde, je goûte, j’embrasse, je caresse, j’expulse, et ma peine grandit, ...