Histoire des libertines (48) : Germaine de Staël et Juliette Récamier
Datte: 08/06/2020,
Catégories:
A dormir debout,
Auteur: Olga T, Source: Hds
Avec Germaine de Staël (1766-1817) et Juliette Récamier (1777-1849), nous terminons la série consacrée aux grandes libertines de la période de la Révolution et de l’empire.
Je vais parler du parcours de chacune, avant d’expliquer pourquoi je les ai réunies sous le même texte, parce qu’elles auraient entretenu une liaison saphique, mais aussi parce qu’elles furent aimées par le même homme, le philosophe Benjamin Constant.
Germaine de Staël est restée dans l’histoire comme une intellectuelle, une femme de lettres qui fit trembler Napoléon. Juliette Récamier fut, avec Joséphine de Beauharnais et Mme Tallien, l’une des « trois grâces » du Directoire et la reine des salons parisiens. Comme c’est la règle dans cette série, c’est à la vie sentimentale de ces deux femmes que nous allons nous intéresser.
Germaine, pourtant jugée peu jolie, collectionnait les amants. Alors que Juliette, considérée comme la plus jolie femme de son temps, était entourée de soupirants et n’a apporté satisfaction qu’à très peu d’hommes. Différentes et semblables, amies intimes, elles méritaient d’être au centre d’un récit consacré à ces deux femmes d’exception.
Chapitre Ier : GERMAINE DE STAEL, LA FILLE DE NECKER
Fille de Jacques Necker, banquier genevois et ministre de Louis XVI, Germaine est élevée dans un milieu de gens de lettres, qui fréquentent assidûment le salon de sa mère.
Le prestige de son père lui ouvre les portes de ce que l'Europe compte à la fois d'aristocrates et ...
... d'intellectuels éclairés. Ses parents ne veulent pas d'un gendre catholique, mais il y a fort peu de protestants dans la noblesse française, et les amis suisses qu'ils fréquentent sont tenus pour trop provinciaux. Elle rejette inlassablement ses nombreux prétendants : Axel de Fersen, amant de la reine Marie-Antoinette (voir « Histoire des libertines (38) : Marie-Antoinette, la reine calomniée ? » paru le 30 août 2019), Georges-Auguste de Mecklembourg, Louis Marie de Narbonne-Lara, fils naturel de Louis XV, qui sera un de ses amants par la suite, et même William Pitt, qui sont parmi les plus connus de ses prétendants.
UN MARIAGE MALHEUREUX, UNE EPOUSE INFIDELE
A vingt ans, obéissant au projet de ses parents, elle se marie en 1786 avec le baron Erik Magnus de Staël-Holstein (1749-1802). Le couple aura 5 enfants. On attribue la paternité du 3ème enfant, Louis-Auguste, né en 1790, ainsi que du 4ème, né en 1792 au comte de Narbonne, comme on dira qu’Albertine, née en 1798, était la fille de Benjamin Constant.
Ce mariage arrangé n'est pas un mariage d'amour, pas même un mariage heureux, et la jeune femme cherche ailleurs un bonheur qu'elle n'a pas. Sa vie entière est d'ailleurs une quête perpétuelle d'un bonheur, qu'elle ne trouve guère.
Son mari fut ambassadeur de Suède à Paris de 1785 à 1793, poste qu’il occupera encore en 1795-1796, puis de nouveau de 1798 à 1799.
Mme l’ambassadrice tient, comme sa mère avant elle, un salon à l’hôtel de Suède, où se bousculent des ...