Manon veut voir le loup - Histoires de Sexe

Manon veut voir le loup

... ai marre depuis longtemps de n’avoir jamais fait l’amour alors que ça fait depuis deux-trois ans que je t’ai sous les yeux comme une friandise qui me nargue. Pourquoi irais-je chercher ailleurs ce que j’ai à portée de main ?

Il n’en revint pas. C’était énoncé sur le ton le plus naturel. Comment avait-il pu côtoyer si longtemps cette grenade dégoupillée sans jamais avoir pris conscience un seul instant du danger ? Nonobstant, il avait une excuse : il n’était pas du genre à « faire les sorties de maternelle ». Dans son esprit, elle restait toujours trop jeune, elle restait la Manon de naguère ; alors pas touche. Et puis c’était la fille de ses amis. Quoique, sur ce point…

— Tout à l’heure, tu m’as mis deux fois la main sur mon intimité ; ne le nie pas, je n’ai pas rêvé. Ça m’a cisaillée, et je me suis dit que l’heure était venue. Tu sais, je peux te l’avouer maintenant : je me caressais souvent en pensant à toi. C’était d’ailleurs le cas quand tu m’as surprise dans la chambre. Ton intrusion était plus que bienvenue. Ça t’a plu, sale voyeur ?
— Je mentirais en le niant ! Un ange dans le chaudron de l’enfer. Et si j’en crois ce que j’ai vu, moi, ça t’a plu aussi. Tu aimes te doigter ?
— Oh oui, et j’adore ça. Je me branle souvent, discrètement, tu t’en doutes bien. Sur Internet, je lis des histoires érotiques en me caressant jusqu’à l’extase, je regarde des vidéos pornos, je m’évade dans un monde que je ne supporte plus de ne pas encore connaître. Ouaah, tout ce que j’ai ...

... vu, c’est pas possible : des gars avec des bites dressées, des femmes qui les sucent, qui se font gicler du sperme dans la bouche et sur le visage, des femmes qui se font baiser par plusieurs gars à la fois… Mais le porno est décevant : on se croirait à la boucherie du village : le patron te coupe un morceau de bidoche et splatch ! il te la colle sur le plateau de la balance. Aucune émotion, aucune poésie, aucune fièvre qui te saisit et te fait battre le cœur. Bien sûr, les images m’excitent, mais je rêve d’autre chose : je voudrais de l’imaginaire, du sensuel qui me ferait grimper au plafond. Je te choque ?

Elle paraissait embarrassée, voire honteuse, par l’audace spontanée de ses aveux.

— Mais non, voyons ! Je trouve délicieuse la délicate enfant que j’ai toujours connue, et j’apprécie sa franchise. Je la découvre autrement, avec surprise je l’avoue, mais non sans plaisir. Si tu continues, pucelle, tu ne va pas tarder à voir le loup.
— Oui ? Avec toi ? Tu veux bien ? Alors, qu’est-ce que tu attends ?
— Hé, doucement ! Je ne pensais qu’à l’avenir en général. Je n’ai pas de projet précis en ce qui te concerne… Et réfléchis un peu : ici, comme ça ? Hop, on baise ?
— Oui, on baise… j’ai envie… dit-elle en posant timidement la main sur son bras, avec des yeux quémandeurs, je crois que je veux.
— Ah, tu crois que tu veux ? Ouh là, Manon, ta musique va un peu plus vite que l’orchestre. Et d’abord, est-ce que tu prends la pilule ?
— Bien sûr, depuis trois ans, à cause de ...