Manon veut voir le loup - Histoires de Sexe

Manon veut voir le loup

... en espérant que ça t’inquiéterait assez pour que tu montes voir ce qui se passe. Je ne me suis pas trompée. Je m’étais bien gardée de fermer la porte de ma chambre, et lorsque j’ai enfin vu tes yeux pointer dans l’entrebâillement, ça m’a boostée et ensuite j’ai joui comme une folle. J’ai aussi éprouvé un plaisir fou parce que tu m’as vue à poil.

Pour la suite, tu es allé au-delà de mes vœux : tu as pénétré dans la pièce. J’ai improvisé le grand jeu de la coupable honteuse. Le reste a suivi. J’ai failli grimper aux rideaux quand ta main m’a touchée. T’aurais pu me baiser à ce moment-là, je n’aurais demandé que ça !

Il réalisa petit à petit l’ampleur du désastre.

— Je ne voulais pourtant que te tester, te provoquer. En plus de ça, j’ai gagné le gros lot ; que dis-je, le prix Nobel : que tu me manifestes enfin de l’intérêt. Et sache encore que lorsque tu es redescendu au salon, je me suis à nouveau caressée et j’ai eu un second orgasme, mais en silence cette fois-ci. La cerise sur le gâteau, c’est quand tu as proposé de m’emmener à la bibliothèque. Seule avec toi ! Enfin seuls ! Et si j’y ai pensé sans trop y croire, même à ce moment-là, jamais je n’aurais cru que je me ferais dépuceler dans l’après-midi. C’était merveilleux. Il est quelle ...

... heure ?

Surpris par la question, il vérifia machinalement sa montre :

— Quinze heures huit. Mais pourquoi tu veux savoir l’heure, maintenant ?
— C’est le plus beau quinze heures huit de ma vie !

Il éclata de rire. Pourtant, il restait subjugué et admiratif par tant de machiavélisme énoncé d’une voix juvénile et sereine, abasourdi par le fossé entre la candeur d’une jeune fille sage et les calculs d’une femelle assumée et lubrique. Oui, il s’était fait promener comme un caniche. Elle, le regard innocent et la prunelle sulfureuse :

— Tu me pardonnes ? Tu as promis.
— J’ai promis ; tu es pardonnée.

Aucune rancœur, aucune colère dans son esprit, mais un sentiment de tendresse qui l’apaisa. Il la serra contre lui et savoura la douce chaleur de son corps. Elle posa sa tête contre sa poitrine, comblée.

— Je ne vais pas te demander si ça t’a plu : tu as répondu avec fougue et enthousiasme. Par contre, je veux te dire que moi, ça m’a plu ; pour une novice, tu m’en as bouché un coin ! Tu es vraiment douée, petite fille… Manon, tu es faite pour le cul.

Submergée d’allégresse, elle picora mille bisous sur son visage. Mais il rompit le charme :

— Maintenant, désolé de revenir sur Terre : il va falloir aller à la bibliothèque.

À suivre