Tranche de vie - Histoires de Sexe

Tranche de vie

... puis sommes allés au labo. Les tirages nous ont pris la matinée ; enfin, ce qui en restait.

— Je voudrais que tu en fasses un album rien que pour nous deux, me dit-elle. Nous en referons d’autres : cela nous fera comme un journal qu’à nous. Secret.

Elle était fière des résultats obtenus tant du point de vue du sujet que sur le plan technique du laboratoire.

Elle pouvait, elle avait intégré très vite les différents paramètres et se débrouillait très bien. Nous en sommes venus à parler de la journée et de ce que nous allions faire.

— Je t’invite à déjeuner dans un restaurant périgourdin. Tu apprendras à connaître un peu la gastronomie de ma région.
— Gastronomie ? Diantre, quel mot ! Cuisine n’est pas suffisant ?
— Ah non ! Cuisine, c’est réducteur. Tu vas pouvoir constater que chez nous, tout est réuni pour la fête du palais : les produits, les vins, l’ambiance.
— Bon, bon. Ne te fâche pas. Je ne demande qu’à me laisser convaincre.
— J’espère bien. Nous allons y aller à pied. Ce n’est pas très loin. Avant, je vais réserver ; le dimanche, c’est parfois difficile d’avoir une place.

À 13 heures, nous prenions place dans la salle à manger au premier étage, une table près de la fenêtre. Le patron et sa femme – lui au service, elle en cuisine – sont de vieilles connaissances, tous les deux d’un village voisin de celui de mes parents. Ils connaissent mes goûts et je leur fais entièrement confiance ; je me laisse toujours guider par leurs conseils.

— ...

... Aujourd’hui je vous propose un assortiment de charcuteries du pays : jambon, saucisson, magret de canard fumé et cous farcis. Après, un foie gras frais poêlé au vinaigre de framboise, un fromage des Causses, et pour finir le gâteau maison aux noix.
— Et un kilo de plus sur les hanches en fin de repas ! lui dit Margaux.
— Mais non : vous irez marcher un peu et vous éliminerez les calories excédentaires. Comme vin, j’ai un Cahors rouge qui ira avec tout, et pour le dessert je vous offre une nouveauté. Un de mes cousins produit depuis peu un crémant blanc doux naturel. C’est une vraie merveille.
— Fais ce que tu veux, comme d’habitude. Et tant que tu y es, embrasse Magaly.
— Quand je vais lui dire que tu es là, elle va tout laisser tomber pour venir te voir. Je la connais, va. J’attendrai le dessert, sinon…

Il partit en riant devant les sourcils froncés de Margaux.

— Tu ne m’avais pas dit que tu séduisais aussi les femmes mariées !
— Mon Dieu, non. Pas celles des copains. Et ces deux-là étaient promis l’un à l’autre depuis avant leur naissance.
— Ça y est, je découvre le vrai visage de Monsieur : hâbleur comme un cadet de Gascogne. Ça promet…

Jean, qui revenait vers nous apportant deux pousse-rapière en apéritif, entendit la tirade. Il se pencha vers elle et lui glissa quelques mots à l’oreille. Elle le regarda, amusée.

— Ce ne sera pas nécessaire, rassurez-vous.

Il posa les deux verres accompagnés de quelques rondelles de saucisson en amuse-gueule et s’éloigna à ...