L'image du désir
Datte: 07/04/2018,
Catégories:
h,
campagne,
cérébral,
nopéné,
Auteur: Furinkazan, Source: Revebebe
... avec ses propres croquis, il s’aperçut tout de suite de la précision du trait, de sa vivacité. Cet aspect lui avait certainement échappé lors de ses premières analyses. Il prit les toiles avec lui pour les amener dans la pièce principale et alluma un feu dans la modeste cheminée. Les flammes commençaient à danser et projetaient leur chaude lumière sur le papier mat et blanc. Il contempla ces corps qui se réchauffaient, le feu crépitait et eux semblaient palpiter. Ils paraissaient moins figés, plus souples. Kyle observa les toiles à même le sol pendant au moins une heure. Elles lui cachaient quelque chose, quelque chose que ce peintre et ermite parvenaient à extraire d’elles. Pourquoi projetait-il de la peinture sur elles ? Etait-ce une vengeance symbolique à l’égard de corps qu’il ne pourrait jamais posséder ?
Régulièrement Kyle retournait à l’atelier comme s’il accomplissait un rituel. Non seulement il commençait à prendre goût à passer ses soirées auprès du feu, mais il dessinait lui-même ses propres corps de femmes en s’inspirant du tracé méticuleux qu’il tentait d’imiter des toiles du peintre. Il passait des heures et des heures à perfectionner un seul dessin jusqu’à ce qu’il soit parfaitement satisfait, mais il ne l’était jamais.
Il décida de travailler trois mois sur un seul dessin, à raison de cinq heures par nuit, c’est-à-dire au moins jusqu’à une heure du matin. Progressivement, il entrait en transe devant son dessin. Il était capable de l’habiter par son ...
... esprit. Ce corps, il pouvait se fondre en lui. Son crayon était petit à petit devenu une extension de son esprit. Il parvenait à dessiner ses propres sensations, son propre désir. Il appréciait de plus en plus ces moments d’osmose.
Son travail s’intensifiait, il prenait un aspect insoupçonné, inattendu. Il parvenait à transcrire sur le papier le corps de cette jeune fille qu’il avait si longtemps désiré, il était peut être même plus réel que son vrai corps qu’il n’avait jamais vu !
Ce soir-là, il travaillait encore près de la cheminée, car les nuits étaient encore assez fraîches pour la saison. Depuis quatre heures déjà il ne travaillait qu’un détail de la jambe de ces corps fantasmatiques qu’il dessinait à la lueur du feu de la cheminée. Le temps n’existait plus. Il transpirait à grosses gouttes comme s’il faisait un marathon, il luttait contre des forces invisibles et sa main guidait en tremblotant le bout de son crayon. La contemplation de sa propre création fut brutalement interrompue par un éclat provenant du bois qui craquait dans la cheminée. L’éclat ardent et brûlant vint percer le papier précisément à l’endroit où il était en train de dessiner la jambe. Il sentit une affreuse douleur lui transpercer sa jambe. Instinctivement, il fit un geste rapide de la main pour balayer les résidus qu’il supposait dévorer les tissus de son pantalon. Mais il n’y avait rien. Pas le moindre accroc, pas la moindre brûlure. Rien. En revanche, il percevait distinctement le cratère ...