1. L'image du désir


    Datte: 07/04/2018, Catégories: h, campagne, cérébral, nopéné, Auteur: Furinkazan, Source: Revebebe

    ... où la femme était agenouillée, en appui sur ses coudes, les mains croisées derrière la nuque. « Ses amantes », pensa à ce moment Kyle. Les images des femmes qu’il a eues pour amantes ou qu’il aurait voulu avoir pour amantes ? Sans nul doute, celles qu’il rêvait de rencontrer car cet homme était toujours seul. Il continua à égrener les toiles. À la réflexion, elles n’avaient rien d’artistique. Il manquait une réelle dimension. Ces dessins témoignaient surtout d’une maîtrise technique parfaite, rien de plus. Pourquoi des corps de femmes ? C’était réellement compulsif. Perdu dans ses pensées, Kyle laissa filer les heures et s’assoupit en fin de journée, au milieu de tous ces corps inanimés, figés dans des postures improbables, dans le désordre des papiers. Quand il se réveilla, il était tard. Il partit précipitamment.
    
    Kyle ne remit plus les pieds dans l’atelier pendant un bon moment. Pour sa part, il se contentait de faire des croquis sur son carnet de poche. Il avait pris une mauvaise habitude, celle d’imiter le trait des toiles qu’il avait si longtemps scrutées. Désormais, il dessinait des corps lui aussi, des corps de femmes. Surtout le corps de cette fille tel qu’il se le représentait : des muscles longs et souples, une peau diaphane dont la texture évoque la crème. Une courbe du dos profondément harmonieuse avec celle des reins et se prolongeant avec délice le long d’une paire de fesses rondes et fermes. Les cuisses étaient charnues en restant fines et les mollets ...
    ... présentaient un galbe évocateur. Les pieds étaient petits et étroits. Le ventre était plat tout en présentant de la vigueur. Les seins, parfaitement symétriques, paraissaient sous sa plume à la fois lourds et fermes et demeuraient fièrement dressés. Il dessinait toujours une nuque étroite et fragile, prolongée par des épaules délicates et des bras formant une sorte d’arabesque. Il prenait un certain plaisir à griffonner avec son crayon gris un petit sexe entre les cuisses de sa figure ; il le façonnait dans les moindres détails, gommant les traits de crayon comme une jeune fille aurait pu s’épiler minutieusement et attentivement pour dessiner avec ses poils pubiens une belle symétrie sur son bas-ventre. Sous sa mine, ce corps prenait forme, c’était le corps issu de son esprit, le corps tel qu’il pouvait le rêver, la réconciliation de sa pensée avec la matérialité. La souplesse de sa mine dansait sur le papier et les courbes s’animaient au point qu’il aurait pu jurer voir son croquis respirer. C’était son propre désir qui vivait sur le papier. Ces instants privilégiés le plongeaient dans des états d’ambiguïté. Et puis arriva le jour où…
    
    *******
    
    Kyle était fébrile, il roulait nerveusement vers l’atelier du peintre. Il n’y était plus retourné depuis déjà deux mois. La nuit commençait à tomber et elle s’annonçait glacée. Peu importe. Il se précipita dans l’atelier où régnait depuis toujours le plus parfait désordre. Les toiles du vieux peintre étaient toujours là. En comparaison ...
«12...567...10»