Les femmes de Gaïa - Histoires de Sexe

Les femmes de Gaïa

... pendant que tu y es !
— Allons ! calmez-vous, tempère Helen.
— Non, Helen, je ne me calmerai pas. Nous avons nos principes et ils sont fondamentaux. Nous devons nous y tenir absolument. Ça a marché jusqu’à présent, non ? Alors nous n’allons pas aliéner nos valeurs essentielles pour quelques broutilles. Et toi, Anne, qu’en penses-tu ?
— Eh bien, pour l’éducation et la culture, que j’ai l’honneur de coordonner, la connaissance de l’histoire de l’Humanité depuis que nous l’avons quittée serait sûrement d’un intérêt considérable ; bien d’autres informations nous seraient aussi très utiles, mais il ne faut surtout pas que tout cela nous coûte la perte de notre mode de vie. Je préfère rester dans l’ignorance plutôt que renier la philosophie sur laquelle repose mon existence.
— Bien dit, Anne, voilà comment il faut raisonner !

Un léger sourire sur les lèvres, Irène a écouté calmement les professions de foi des autres responsables de la colonie. Sur un signe d’Helen, elle prend la parole d’une voix ferme :

— Eh bien, moi j’affirme que l’arrivée de cet envoyé est une bénédiction des dieux. Notre colonie est en train de courir un péril mortel. J’avais l’intention de vous convoquer demain pour en discuter.

Et elle poursuit d’un ton grave :

— Notre peuple est en train de mourir ! Vous le savez, moins d’une grossesse sur cent donne naissance à un bébé mâle. Nous en sommes maintenant convaincues, c’est un virus qui s’attaque aux chromosomes Y des hommes. À l’heure ...

... actuelle, pour une population de 2053 femmes, il n’y a que 17 hommes en âge de procréer !
— Et alors ! ce n’est pas dramatique, s’insurge Erika. Voilà six générations que ça dure. Nous avons bien assez de sperme et nous vivons très bien sans les hommes.

Avec un grand sourire, elle parcourt des yeux l’assistance, cherchant l’adhésion de chacune. Levant la main, Helen lui coupe la parole.

— Gardons notre calme et écoutons Irène Elle n’a pas l’habitude de dramatiser. Continue, s’il te plaît.
— Justement, Erika a mis le doigt dessus : voilà six générations que ça dure ! La quantité de sperme est suffisante, mais pas la variété. Avec si peu d’hommes, il est impossible d’éviter la consanguinité. Vous avez pu, comme moi, observer un accroissement des facteurs récessifs dans la dernière génération. J’essaie, dans la mesure du possible, d’éviter cela, mais à l’heure actuelle, la majorité des fertilisations se font au deuxième degré, c’est-à-dire entre cousins germains. D’ici trois générations au plus, ce qui représente moins d’un siècle, la population humaine de cette planète va disparaître. Alors, accueillons à bras ouverts ce mâle et les gènes « frais » qu’il transporte.
— Si j’ai bien compris, tu veux que nous allions devant cet homme en frétillant du cul, telles des chèvres en rut qui vont parader devant leur bouc pour qu’il les couvre. Autrement dit, tu nous demandes de nous prostituer.
— Il n’est peut-être pas nécessaire d’utiliser des mots qui choquent. Allons, soyons lucides ...