1. L'ultime cadeau


    Datte: 11/05/2020, Catégories: fh, fhh, hplusag, extracon, campagne, anniversai, amour, nonéro, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    ... tempes.
    
    — Guillaume, tu es toujours là ?
    — Hum…
    — Guillaume, il faut que tu la revoies. Il faut que tu lui dises…
    — Je peux pas… Je me sens pas la force. Pas l’envie… Je suis pas à la hauteur. Je serai toujours le père en fuite, le salaud. D’ailleurs, Sarah me l’a fait comprendre. Elle s’en est pas privée, tu sais ! Et au fond, je l’approuve. J’ai rien fait d’autre que de mettre la petite graine dans le ventre de sa mère. J’ai rien à lui proposer comme souvenir, comme repère. Rien. Ton père m’a très bien remplacé. Et je veux pas lui gâcher le peu de bonheur qu’elle a eu avec lui.
    
    Catherine soupire. Mais ne lâche pas :
    
    — Tu ne penses pas que c’est un peu facile ? Qu’elle a aussi le droit de te connaître ?
    
    Il ricane :
    
    — Tu te vois, toi, samedi prochain, me présenter à elle comme ton futur mari et en même temps comme le père qu’elle n’a jamais vu qu’en photo ?
    — Et pourquoi pas ?
    — Tu es folle ! Encore plus folle que Sam et Floriane réunis ! Tu imagines qu’elle va nous tomber dans les bras ? Tu as envie qu’elle te déteste pour le restant de ses jours ?
    — Je crois surtout que j’en ai marre de tous ces mensonges…
    — Et ta belle-mère Sylvie, tu y as pensé ? Ça la tuerait. Car la plus trompée dans l’histoire, ça a été elle ! Et jusqu’au bout encore…
    — Je sais… Mais c’est bizarre, je n’arrive pas à la plaindre. Comme si elle n’était qu’une aventure de mon père, une passade qui aurait tenu bon malgré le temps et les rides.
    — Tu es dure ! Elle l’a aimée jusqu’au ...
    ... bout pendant trente ans.
    — À sa manière peut-être… Elle n’a jamais voulu l’épouser. Vivre sous le même toit que lui n’était même pas envisageable.
    — Et alors? Sam non plus ne voulait pas revivre en couple. Il voulait rester libre. Libre pour Floriane. Libre de l’aimer, de la posséder, de la faire jouir dès que Sylvie ou moi avions le dos tourné. Dès qu’il en avait envie.
    — Arrête, Guillaume !
    — C’est pourtant vrai, merde ! Floriane est restée libre pour la même raison. Et elle a attendu vingt ans pour me dire que j’étais le père de sa fille. Et tu sais pourquoi ? Parce qu’elle voulait croire contre toute évidence que c’était son amant qui l’était… pas moi !
    
    Sa dernière phrase est dégueulasse. Il le sait pertinemment, mais ça lui fait du bien de l’avoir criée. Un barrage de colère et de jalousie contenu depuis plus de vingt ans vient de céder. Enfin. Guillaume respire, conscient du poids dont il vient de se défaire. Etourdi de sa propre audace.
    
    À l’autre bout du téléphone, Catherine encaisse le choc.
    
    Elle voit les images de Floriane et son père défiler. Celles qu’elle connaît, celles qu’elle devine, celles que Samuel lui a révélées dans ses écrits. Et elle a beau les retourner dans tous les sens, elle ne peut pas souscrire à l’idée d’une Floriane vengeresse et calculatrice. Elle revoit le visage de cette femme, son sourire doux, ses gestes pleins de tendresse, son regard attentif à la souffrance d’autrui, sa détresse absolue face à la méchanceté, face à l’abandon ...
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