L'ultime cadeau
Datte: 11/05/2020,
Catégories:
fh,
fhh,
hplusag,
extracon,
campagne,
anniversai,
amour,
nonéro,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... jour-là, tu me garderas encore l’affection que tu me portes.
Adieu, ma Choupinette !
Prends bien soin de toi et pense à moi de temps en temps…
Ton papy Sam qui t’aime très fort.
Une larme puis deux coulent sur le papier blanc, délavant la signature aimée. Sarah repose la lettre sur la table, des sanglots plein la gorge.
Non, ce n’était pas possible… Pas lui… pas déjà ! Sa mère était décédée deux mois plus tôt. Elle ne voulait pas qu’on lui enlève en plus celui qu’elle considérait comme son grand-père. Il n’y avait qu’à lui qu’elle confiait ce qui la passionnait, ce qui lui faisait peur. Pourquoi fallait-il que la mort lui prenne bientôt ce confident indispensable ?
Il avait été malade l’hiver dernier, certes. La grippe avait fatigué son vieux cœur, déjà bien secoué par les soucis, mais il était solide. Elle l’avait dit à sa mère, peu de temps avant que le cancer n’emporte celle-ci.
— Papy Sam est un grand chêne. On dirait qu’il résiste à tout.
Floriane avait souri tristement.
— Pourtant le chêne se croyait autrefois si fragile… Prends soin de lui, Sarah ! Promets-moi ! Le chêne a besoin d’amour pour durer. D’amour et de soins… Et je ne serai bientôt plus là pour le soutenir…
— Ne dis pas ça, Maman. Je t’en supplie! Je t’interdis de dire des choses pareilles !
Floriane avait soupiré. Mais, obstinée, elle était revenue à la charge :
— Promets que tu veilleras sur lui. Il t’aime tellement, ton parrain !
Sarah avait hoché la tête, les yeux ...
... rouges. Elle avait posé la tête contre la poitrine frêle de la malade, et doucement, dans un baiser, elle avait ravalé les larmes qui roulaient sur ses joues.
Elle avait respecté le vœu de sa mère. Elle avait accueilli le vieil homme dans la maison familiale. Il avait passé près d’elle les quinze derniers jours de la vie de Floriane. Et les quinze jours d’après. Sarah et lui s’étaient tenus chaud face à l’inexorable. Ils avaient pleuré ensemble, réunis autant par la douleur que l’affection. Cette dernière s’était trouvée augmentée jour après jour, soutenant le vieil homme désemparé, l’amenant doucement à accepter l’absence définitive et brutale. Du moins c’est ce que la jeune fille croyait. Pour pouvoir le laisser repartir sans inquiétude. Il avait regagné son Auvergne avec les cendres de la défunte, témoignage ultime de cette amitié profonde qui les unissait. Au-delà des convenances, au-delà des obligations et des liens du sang.
Sarah n’avait pas cherché à comprendre ce dernier souhait de sa mère. Elle avait accepté sans broncher "cette folie" comme disait sa tante.
Aujourd’hui, après avoir lu la lettre de Samuel, la chevalière au creux de ses mains, la jeune fille réalisait à quel point l’attachement de ces deux êtres qu’elle aimait était puissant. De Merlin à Viviane. Dire qu’elle n’avait rien vu ! Se pouvait-il que Papy Sam ait été plus qu’un père de substitution pour Floriane ? Plus qu’un ami ? La référence aux amants de Brocéliande semblait le démontrer.
Mais ...