1. France Belgique (1)


    Datte: 10/05/2020, Catégories: Erotique, Auteur: Matt Demon, Source: Xstory

    L’histoire que je vais vous narrer est vraie dans ses moindres détails ; elle m’a été racontée pas plus tard qu’hier soir par un type rencontré dans un bar.
    
    Plantons le décor.
    
    Ce mardi 10 juillet, j’étais parti à moto pour voir le match de foutbol sur écran géant, dans une « fan zone », comme ils disent. Résultat : interdiction de boire dans ladite « fan zone », ce alors que la canicule s’était abattue sur Rouen. N’écoutant que mon courage et ma soif, je me suis rabattu sur un troquet du centre-ville pourvu d’écrans plasma dédiés au ballon.
    
    Je me suis vite rendu compte, une fois installé face à l’un des trois écrans, que le ballon le plus pratiqué ici – et largement avec ça – était celui de blanc, devant le ballon de rosé qui devançait d’une courte tête celui de rouge. « Et la bière ? » me direz-vous (je vous sens inquiets). Malheureux, vous n’y pensez pas ! Le client, ici, proclamait son identité nationale en buvant français. Foin de ces lavasses germaniques, belges, voire anglaises : la biture serait française, la cirrhose gauloise, la murge hexagonale.
    
    Ce soir, nos pioupious affrontaient en effet les Diables Rouges, perfides voisins d’outre-Quiévrain aux mœurs bizarres autant qu’étranges : pas question donc de se bourrer le pif à la pisse d’âne !
    
    Le match fini, j’envisageai de me lever pour regagner mes pénates, les oreilles bourdonnantes d’acouphènes dus aux hurlements quasi ininterrompus deux heures durant. Mon voisin de table, un avenant trentenaire ...
    ... aux gros biscotos tatoués, sportif sûrement mais guetté par la bedaine, s’adressa à moi :
    
    — Vous partez ? Vous n’avez rien bu ; je vous paie un pot ? Une bière ? Maintenant qu’on les a torchés, ces empaffés, on peut bien en boire. Une fois, ah-ah !
    
    Mon nouveau pote était un vrai comique. D’un autre côté, avec le bordel aviné qui avait envahi les rues depuis cinq minutes, pas question de partir à moto. J’acquiesçai mollement ; j’avais fait traîner un Perrier pendant une heure, je pouvais récidiver.
    
    — Pas d’alcool pour moi, je ne supporte pas. Une eau minérale glacée, je veux bien.
    
    Putain, le regard attristé du mec ! Pour un Français, picoler c’est comme porter une arme pour un Ricain ; c’est inscrit dans la Constitution. Il essaya de comprendre :
    
    — Tu es musulman ? T’as pas l’air.
    
    — Je crois pas qu’il y ait d’air pour ça, mais non.
    
    — Ah… Salut. Moi, c’est Julien Lembis.
    
    — Enchanté. Matt Démon.
    
    — Matt Démon… l’écrivain ?
    
    — Ben oui, j’habite à côté de Rouen.
    
    — Ça alors ! J’ai lu tous tes romans. Ma femme Karine aussi, elle les dévore !
    
    — Merci. C’est pas du Ronsard non plus…
    
    — Lui, je connais pas. Il écrit quoi comme livres de cul ?
    
    — Je ne sais pas, je lui demanderai.
    
    Nous trinquâmes dans un silence relatif, les beuglements, sifflets et klaxons divers constituant un fond sonore des plus roboratifs.
    
    — Je peux te raconter notre histoire, à Karine et moi ? Je te préviens, c’est un peu chaud ; alors si tu la publies plus tard, faudra ...
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