CHAPITRE 8 : Tristesse
Datte: 08/05/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Cramache, Source: Hds
... pourtant. Je voudrais aimer de nouveau, mais quand je rencontre un homme, je vois déjà la fin de notre relation, et je passe directement à l’essentiel.
Mes larmes se tarissent, j’en ai déversé tellement, et je m’endors. Je rêve de notre rupture. Sylvain, après mon anniversaire, a trouvé le courage de démis-sionner, il s’est inscrit à une formation, en comptabilité, et huit mois plus tard, il obtenait un titre professionnel et un emploi dans l’entreprise où il avait fait son stage. J’étais fier de lui, et je lui ai demandé de vivre avec moi. Il a dit oui, et on a vécu heureux jusqu’à ce que son entreprise dépose le bilan. A partir de là, ça a été la dégringolade. Le patron est parti avec la caisse, et on a accusé Sylvain d’avoir participé, il a été vite disculpé. Toute cette histoire a fait la une des journaux, si bien que plus personne n’a voulu l’embaucher, sa réputation était fichue.
J’ai tout fait pour l’aider, mais il a sombré dans l’alcool. Je n’ai rien remarqué au début, il buvait quand il sortait, juste assez pour s’amuser, mis pas trop. Puis, il s’est mis à rentrer ivre, à boire toute la journée, avachi dans le canapé. Une fois, je l’ai trouvé couché sur le sol, inconscient et baignant dans son vomi. C’est là que j’ai réagi, et que j’ai haussé le ton. Après une longue discussion, il a repris du poil de la bête, et même obtenu un petit boulot dans une association. J’ai pensé que c’était bon, je me trompais. Il a continué à boire, il a encore perdu son ...
... travail, il m’a menti pendant des semaines, et on s’est disputés.
J’ai alors vu une facette de sa personnalité qui m’a effrayé. J’ignorais qu’il ca-chait en lui une telle méchanceté. J’ai compris qu’il me reprochait ses malheurs, que ma réussite entravait ses efforts pour s’en sortir. Il serrait les poings, prêt à me frapper, ce qu’il a fini par faire. Il s’est excusé mais quelque chose s’est brisé en moi. Il a fait son sac, et il est retourné chez son père. On a refait un essai, le cœur n’y était plus. Un soir, j’ai trouvé les placards vides et un mot : « Je ne peux plus vivre avec toi, je t’aime trop, et je te hais trop. Pardonne-moi ». J’ai déchiré la lettre et j’ai foncé chez son père. Il m’a annoncé que Syl-vain était parti vivre ailleurs, il ne savait pas où. Le salopard avait fui. J’ai tenté de l’appeler, il n’a jamais répondu, et je ne l’ai jamais revu.
Je me réveille en sursaut, les oreilles pleines des reproches de Sylvain. Ce n’est pas la première fois que je fais ce rêve, et ce ne sera pas la dernière. Je suis toujours en contact avec son père, il me donne des nouvelles. Sylvain a trouvé un nouvel homme, ils sont heureux, et tout. Je ne sais pas où il vit, et je ne cherche pas à le savoir. Je pense que je ferais une bêtise, si je savais, genre le retrouver et le supplier de me reprendre. Ce serait l’humiliation complète. Je cache l’album pour ne plus jamais le revoir. Je m’écroule sur mon lit, et je prie pour ne plus faire de rêves, je n’en ai pas la force.