1. CHAPITRE 8 : Tristesse


    Datte: 08/05/2020, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Cramache, Source: Hds

    Cinq années ont passé. Je suis face à mon miroir. J’ai trente ans, et mon corps n’a pas trop changé. Le sport me permet de garder la ligne. Je bosse toujours au garage, je dirige même l’équipe. Mon chef a ouvert un autre garage, et forme son successeur. C’est beaucoup de responsabilité, mais ça me plait. Tout tourne bien au boulot, et je suis fier de mon équipe. Je gagne bien ma vie, et j’ai tou-jours le même appartement. Le seul changement que j’y ai apporté, c’est une nouvelle table que j’ai achetée. Je n’ai plus le temps de construire. Des bras en-tourent ma taille, et me sortent de ma rêverie :
    
    -Reviens te coucher, chéri, dit une voix grave, j’ai froid.
    
    -Non, je dois aller travailler. Toi, va te recoucher, Michaël, ce soir, on sort diner.
    
    -D’accord, je t’aime.
    
    Michaël retourne au lit, mais je ne le regarde pas. Je ne suis pas amoureux de lui, j’ai de la sympathie. Ça fait huit mois qu’on est ensemble, et j’envisage de rompre. C’est mieux pour lui, il doit se trouver un mec qui saura le rendre vrai-ment heureux. Et puis, mon cœur appartient à un autre, je n’arrive pas à l’oublier. Je m’habille en silence, et je pars sans manger, je n’ai pas faim. Je fais un détour pour acheter un grand café que je déguste sur le chemin. La marche me permet de me replonger dans mes souvenirs en paix.
    
    Deux ans, et je ne parviens pas à me remettre, à passer à autre chose. J’ai par-donné ses erreurs depuis longtemps, et trop tard. Je continue à revivre tous ces évènements, ...
    ... jour après jour. J’ai essayé de toutes mes forces d’avancer et d’oublier, je me suis perdu dans l’étreinte de plusieurs hommes, parfois en même temps. Je n’ai pas sombré dans l’alcool ou la drogue, juste dans le sexe débridé et le travail. J’ai même mélangé les deux, une fois, un client m’a sucé pendant qu’on s’occupait de sa voiture. C’est ce qui m’a calmé, et j’ai rencontré Michaël, vingt-cinq ans, brun, poilu, pas musclé pour un sou, mais un visage gra-cieux et des yeux marron en amande très beaux.
    
    J’ai cru que je pourrais en finir avec ma tristesse grâce à lui. Ça été le cas, au début, puis il s’est attaché à moi, et on a eu moins de sexe, ça m’a lassé. L’amour ne m’intéresse plus, ça ne sert à rien. Seul le sexe apporte quelque chose d’utile, un soulagement passager, certes, mais au moins mon esprit s’apaise le temps de l’ébat.
    
    J’arrive au travail, le cœur lourd. Je décide de mettre la main à la pâte, pour une fois. Une cliente a demandé une révision complète de son véhicule, et je m’en charge. Je fais exprès d’y passer la journée, je ne facturerai pas toute la main-d’œuvre, et j’ajoute une réduction. La cliente n’a pas à subir les consé-quences de ma vie désastreuse. Ça m’empêche de trop réfléchir, je dois faire attention à mon travail. Je saute même le repas pour continuer à ne pas réflé-chir. Mes collègues s’inquiètent de mon état, ils n’osent pas me questionner. J’ai l’air effrayant à leurs yeux.
    
    Je rentre chez moi le plus tard possible. J’ai reçu un SMS de ...
«123»